jeudi 10 mars 2011

Vive les vacances ! (suite)

30 juillet. Chupachups et moi rentrons de notre petite escapade. Le lendemain elle part avec mes beaux-parents et son cousin. Ils vont passer  une semaine aux Arcs avant de partir dans le bordelais où je les rejoindrai mi août. En attendant, je reste seule à Versailles puis irai le 9 à La Rochelle chez une amie d'enfance. Elle a appris fin février 2010 qu'elle avait un cancer du sein. Elle a subi 6 séances de chimio puis a été opérée en juillet. Je la trouve extrêmement courageuse. Au téléphone, je la sens toujours souriante et pleine d'énergie. Je suis remplie d'admiration et suis ravie à l'idée de passer une semaine avec elle, son mari et leurs cinq enfants.


Pour l'instant, je m'apprête à savourer cette grosse semaine de liberté qui me tend les bras. Pas de mari, pas d'enfant, pas de contraintes. Seule dans une grande maison pour vivre à mon rythme. Le genre de vacances dont on rêve et que l'on n'a jamais.


Lorsque j'appelle ma "mère adoptive" pour savoir si elle a obtenu les résultats de la biopsie, je la sens pour le moins évasive. Elle me noie le poisson... Pas son genre. Bizarre, vous avez dit bizarre, comme c'est étrange. Et elle m'invite à dîner le dimanche 1er août chez elle (c'est drôle, il y a des dates dont on se souvient mieux que d'autres). Vu sa tête à mon arrivée, pas la peine d'avoir inventé le fil à couper le beurre pour comprendre qu'il y a un os dans le pâté !


Ah mais alors là, attention. J'ai droit a du service 4 étoiles. Du grand Evelyne. Elle ne se contente pas de m'apprendre que j'ai un cancer du sein en me disant ce qu'il me reste à faire. Pas du tout. Le vendredi elle a hurlé auprès du labo et a enfin obtenu les résultats de la biopsie. De là, elle a téléphoné à mon chirurgien, Patrick (oui, depuis 25 ans qu'il s'occupe de mon cas, c'est "mon" chirurgien... mais je le partage quand même !). Il ne rentre de vacances que fin août et ne veut pas me faire attendre (merci Patrick, tu es génial). Il suggère l'hôpital Mignot à Versailles. Bon, deuxième coup de fil; au médecin qui a pratiqué la biopsie cette fois. Lui aussi est parti en vacances. Il n'en revient pas que ce soit cancéreux et fait le nécessaire auprès de l'hôpital pour une rapide prise en charge. Oui, nous sommes en août, et ce n'est pas forcément la meilleure période de l'année. Et enfin, elle appelle l'oncologue pour discuter des résultats et de la suite des événements. Bilan des opérations, elle peut déjà m'annoncer 6 semaines de radiothérapie et 5 ans d'hormonothérapie (yes, pas de chimio. Ouf de ouf) et me dire que j'ai rendez-vous chez le chirurgien le lendemain. Ça s'appelle une équipe de choc et des médecins dévoués. En attendant, j'ai l'impression qu'on vient de me balancer un sacré uppercut et je repars un peu sonnée. Sans compter que je dois prévenir mon cher et tendre qui est resté à Los Angeles. Je ne me souviens pas si je me suis écroulée au téléphone ou si j'ai fait ma bravache. Le trou noir.


Alors, voici donc ma semaine de vacances de rêve... Rendez-vous avec le chirurgien le 2 août et opération prévue le 10. Entre les deux, un examen médical chaque jour ouvré. Et c'est parti : prise de sang, radio des poumons, rendez-vous avec l'anesthésiste, scintigraphie osseuse, échograhie de l'estomac et recherche du ganglion sentinelle. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées. Pour une semaine de totale liberté et sans contraintes, c'est réussi !


J'ai appelé mon amie pour lui dire que je venais de rejoindre son club et que je ne pourrai pas venir à La Rochelle. J'ai averti ma belle-mère en ne voulant pas l'annoncer à Chupachups tout de suite... qu'elle profite pleinement de ses vacances avec son cousin. Ma belle-mère rentrera la veille de mon opération, que je ne sois pas toute seule. Trois jours avant son retour, j'ai dit à Chupachups que j'allais subir une petite opération de rien du tout. Hors de question de prononcer le mot cancer au téléphone.


Et que fait-on en de pareilles circonstances quand on est la femme la plus raisonnable de la terre ? On prévoit de ne pas changer le planning pour ne pas inquiéter sa fille. Traduction : on se fait opérer le 10, le 14 on est dans le train pour aller à Bordeaux (avec belle-maman qui traîne votre sac de 27kg puisque vous ne devez rien porter) et le 18 on reprend l'avion à Bordeaux avec fifille pour rentrer à Los Angeles. Je me demande si je suis tout à fait normale ?!


Je n'ai annoncé mon cancer - c'est rigolo ce côté possessif typiquement féminin. "Ma" gynéco, "mon" chirurgien. Maintenant il y a "mon" oncologue et "mon" cancer. - Je n'ai donc annoncé mon cancer à ma fille qu'une fois avec elle, c'est à dire une fois qu'elle avait pu voir que j'allais très bien.


Bilan, mes vacances n'ont pas été des vacances. Ma semaine de "vacances de rêve qu'on n'a jamais" est partie aux oubliettes. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot et je compte bien l'avoir un jour ou l'autre. Dans l'immédiat, je m'envole vers LA pour un mois. Je veux assurer la rentrée de Chupachups fin août, remettre la maison en route et faire le plein d'énergie - pour ça j'ai le soleil et l'homme de ma vie, ce qui fait deux soleils - avant de revenir en France pour la radiothérapie fin septembre.

1 commentaire:

  1. Tu as vraiment un style, c'est rare et ton style est drôle, tendre et percutant à la fois.

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