mercredi 14 octobre 2015

Vous avez dit humanité ?

Aujourd'hui, retour à la raison d'être de ce blog. On oublie pour un temps la série des Muriel déménage, Muriel prend l'avion et Muriel à Kigali. Place à un billet d'humeur, un vrai.

Alors que nous sommes en route pour raccompagner une amie chez elle, le portable de mon coloc sonne. Il décroche, sa tête s'allonge, il s'arrête sur le côté de la rue. Pas la peine de parler Kirundi pour comprendre qu'il se passe quelque chose de grave. Puis il repart et me dit "Tu connais Christophe ? Il était caméraman sur les Visages du Burundi. ... On vient de le tuer chez lui." Silence. "Sa femme et ses enfants aussi".

Je reste muette. Que faire, que dire face à l'horreur absolue ? Rien. Il n'y a pas de mot. Ils sont vains, ils sont creux. Je pose simplement ma main sur son avant-bras pour dire... Pour dire quoi ? Que je suis horrifiée, que mon sang s'est glacé dans mes veines, que je suis là, que je suis emplie de compassion. Mais aussi que j'ai envie de hurler, que je me sens impuissante et inutile face à toutes les atrocités qui ont cours en ce bas-monde.

Nous déposons notre amie chez elle et repartons. Je lui demande le nom de famille de Christophe. "Tu ne le retiendras pas". "Pas besoin de le retenir". Il me le dit et je fais la seule chose que je puisse faire. Je prie pour que son âme et celles des siens partent vite dans la Lumière, pour que, prises par surprise, elles ne restent pas entre deux mondes. Je prie pour que toutes les âmes de ces gens morts sans raison s'unissent et envoient de la Lumière depuis là-haut pour que tout cela cesse.

Morts sans raison. Lorsqu'un humain meurt de la main d'un autre humain, il meurt sans raison. Tue-t-on au nom d'un différent d'opinion ? Tue-t-on pour garder un pseudo pouvoir, bien humain et qui ne rime pas à grand-chose ? Tue-t-on parce qu'on estime que la terre occupée par un humain est sienne ? Tue-t-on au prétexte que son voisin croit en un Dieu qu'il appelle Dieu alors qu'on appelle le même Dieu Allah ? (ou inversement). Tue-t-on parce que l'on croit que notre voisin est différent de nous ?

Et bien oui, nous sommes suffisamment déments, coupés de notre humanité pour tuer pour toutes ces "raisons". Et ça fait des siècles que ça dure. Et nous nous pensons une espèce supérieure...

Comment peut-on humainement aller, sur ordre, tuer de sang froid un homme chez lui et sa famille au prétexte qu'il a une opinion qui ne cadre pas avec la vôtre ? Une famille qui ne demandait qu'à vivre et à voir de nouveau la paix régner sur son pays ?

Combien sont-ils de par le monde à mourir ainsi ?

En ces temps de grand changement nous assistons à un combat entre les Ténèbres et la Lumière et nous avons l'impression que les Ténèbres sont plus fortes que la Lumière. Nos média font du reste tout pour que ce soit ce qui ressorte. Plus la Lumière prend de vigueur, plus les Ténèbres se battent pour gagner.

Alors, disons oui à la Lumière et non aux Ténèbres. Notre seule arme est, chaque jour, à notre échelle, de donner de l'Amour, d'être dans la compassion (pas dans la pitié), d'éviter de juger notre voisin, d'être dans la gratitude et le pardon (pas le plus facile !). Cessons d'alimenter les pensées négatives et les petites haines du quotidien qui vont alimenter des égrégores négatifs. Les petits cours d'eau donnent les grandes rivières puis les océans.

Croyons-y et unissons-nous. Nous ne sommes qu'un de toute façon.

A bon entendeur, salut.


Yihah !

lundi 12 octobre 2015

C'est parti !

Ma décision est prise : je pars au Rwanda. Suis-je prête ?

- Vaccins obligatoires, check.
- Visa, check.
- Location d'une maison à Kigali, check.
- Visite chez le vétérinaire, check.
- Billet d'avion, check.

Bon, et bien, c'est parti !

Décollage prévu à 8h30 en ce jeudi 1er octobre. Direction Bruxelles. Puis départ de Bruxelles à 10h30 pour arriver à 18h35 à Kigali. Trop contente. Le réveil aux aurores est un peu dur, mais c'est pour la bonne cause...

5h45, j'attrape Doushka pour la mettre dans son sac de voyage. Allez, courage, dans un peu plus de 13 heures tu seras libérée et découvriras ta nouvelle maison !

Ah, le charme des voyages ! Arrivée à Roissy. Se mettre dans la queue et attendre pour enregistrer les 3 valises et acheter le billet du chat. Mais ce serait trop simple. Une fois les bagages enregistrés, je dois aller faire la queue ailleurs pour régler le billet du chat, puis revenir présenter le reçu. Il est tôt, le rythme est lent. ... Voilà qui est réglé.

Se mettre dans la ligne pour présenter son passeport. Ces aéroports, quelle activité !

Nouvelle queue. Vous connaissez tous : mettre l'imperméable dans un bac, retirer ses chaussures, ses bijoux, sortir le matériel informatique et le mettre dans un bac à part, passer la valise, le sac à mains. Mais le saviez-vous ? Avec un chat, vous êtes prié de le sortir du sac et de passer le portique avec la bestiole dans les bras. Bon courage à ceux qui ont un chat trouillard et prêt à fuir à toutes pattes dans l'aéroport. Merci Doushka d'être un chat coussin qui ne bronche pas !

Evidemment le test aléatoire pour chercher de la poudre sur les mains tombe sur moi. Sans compter la fouille de mon sac à mains. Il faut dire qu'il y a un tel bazar là-dedans ! Bonne nouvelle, je n'ai pas utilisé d'arme à feu récemment. Ça vous étonne ?

Bien, tout est remis en place : le chat dans son sac, les chaussures, les bijoux, l'informatique. Le contenu du sac à mains est encore plus bordélique qu'avant mais bon... (si tant est que ce soit possible !!!).

Allez, encore un petit coup pour la route : la queue pour monter dans l'avion.

Ouf ! Enfin assise. Pas le temps de décoller que je pique un somme. Epuisant de faire la queue !

Devinez ? L'avion est parti en retard. Vraiment en retard.

Arrivée à Bruxelles. Ça faisait longtemps : faire la queue pour présenter le passeport. Et cette fois-ci, on bat des records de lenteur. Bilan des opérations, arrivée à ma porte d'embarquement, plus d'avion. Ô rage !  Ô désespoir ! Ô voyage ennemi ! N'ai-je donc tant fait la queue que pour voir au loin mon avion parti ?

Piètre consolation, une passagère venant de Genève est dans le même cas que moi. Nous voici toutes deux à faire la queue... pour régler le problème. Je passe la première. Je demande au charmant jeune-homme qui se trouve derrière le comptoir s'il a une baguette magique. A la fois gentil et compétent, il s'avère qu'il avait bel et bien une baguette magique. Enfin presque. Il nous a trouvé un vol qui part à 20h00 pour Addis Ababa. Arrivée le lendemain matin vers 6h00 et décollage à 11h00 pour Kigali.

Ma compagne, qui voyage léger, part de ce pas se promener dans Bruxelles. J'en ferais bien autant mais entre le chat, le sac à mains qui pèse une tonne et la valise cabine, j'y renonce. Dommage, j'aime beaucoup Bruxelles et il y a bien longtemps que je n'y suis pas venue.

Direction, le restaurant du dernier étage. Il fait faim et j'ai le dos en miettes. Doushka ne touche ni à l'eau ni aux croquettes que je lui donne. Etant donné le temps qu'elle va passer dans son sac, ce n'est pas plus mal. De 5h45 le jeudi matin jusqu'au vendredi 2 à 13h00 au moins. Plus de 30 heures. La pauvre.

Essentiellement, je vais passer mon après-midi assise au soleil sur un banc devant l'aéroport à lire. Ça pourrait être pire ! Le plus dur est de ne pas m'endormir.

17h00 : direction comptoir d'enregistrement pour que mes valises suivent. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait la queue. Ça commençait presque à me manquer ! Vous ne me croyez pas ? Vous avez raison.

Je vous passe le rituel passeport, portique avec chat, sauter à cloche-pied sur le pied droit, faire trois tours sur soi-même à la Zébulon et autres.

Et j'ai oublié de vous raconter le gag. Arrivée au comptoir d'enregistrement, je découvre que mon avion va à Addis... via Paris. Mieux vaut en rire. Et cette fois encore mon avion décolle avec un certain retard pour ne pas dire un retard certain. Etant donné le temps d'attente à Addis, je m'en fiche, je ne risque pas de louper ma correspondance cette fois.

Je suis épuisée. Je dors du sommeil du juste. Le temps passe plus vite comme ça ! Quant à Doushka, je l'admire et je la remercie. Pas un miaulement plus haut que l'autre. On ne l'entend pas.

Puisqu'entre mille files d'attente je suis quand même parvenue à prendre l'avion, je finis par arriver. Si si, je vous assure. Moi-même je n'y croyais pas.

J'ai retrouvé ma compagne d'infortune. Nous attendons nos bagages... qui n'arrivent pas bien sûr. Cependant, le service des bagages égarés est rôdé et efficace. Je sors bonne dernière de l'aéroport. Mon copain commençait à se demander ce que je fabriquais. Rien, je prenais mon temps, j'aime tellement les aéroports !!!

Je suis si heureuse d'être enfin arrivée à bon port. J'ai les yeux écarquillés dans la voiture. Que cette ville a changé !

Mes bagages sont bel et bien arrivés le lendemain soir.

Rendez-vous dans un prochain texte pour vous raconter mes premières impressions.


Yihah !

mercredi 7 octobre 2015

Un été chargé

Sept milliards d'habitants sur la planète, autant de cas différents. Il y a les nomades, en perpétuel mouvement qui comme les escargots se promènent avec leur maison "sur le dos". Il y a ceux qui choisissent une vie semi-nomade et découvrent le monde petit à petit, changeant de poste et de pays tous les trois ans. Et il y a ceux qui ont besoin d'un nid et qui détestent déménager. (Je parle de ceux, bien sûr, qui ont la chance de pouvoir choisir, pas de tous ceux qui sont contraints pour diverses raisons de fuir avec ou sans maison sur le dos !!!)

Définitivement, je fais partie des sédentaires attachés à leur nid. Et pourtant j'ai fait le choix de déménager il y a un peu plus d'un an pour retourner à Los Angeles et j'ai décidé de remettre le couvert en août dernier ! Pour partir où ? Au moment où j'ai empaqueté mes affaires pour les mettre en garde-meubles et n'avoir avec moi que trois valises et mon chat, je ne le savais pas trop. J'avais une vague idée mais rien n'était pleinement arrêté. J'y reviendrai plus tard.

Si vous faites partie des nidificateurs, vous savez comme moi le stress qu'occasionne ce genre de période. Ne rien oublier, ne pas faire enfermer dans un carton un élément qui risque de vous sembler indispensable par la suite et éviter d'en prendre trop et se retrouver avec des éléments inutiles dans ses valises. Comment dire ? Je crois ne pas m'être trompée concernant les cartons, je crains en revanche d'avoir opté pour le trop dans les valises. L'avenir me le dira !!!

Alors que je gérais mon petit stress personnel, j'avais pour mission de faire passer de bonnes vacances à la Chupa Chups. Je me suis donnée à fond, j'espère ne pas avoir failli ! D'autant qu'elle devait gérer son propre stress du grand saut dans une nouvelle vie : la fac de médecine, la prépa, la vie en foyer. Qui plus est, elle était affectée à Diderot et non à Pierre et Marie Curie et n'avait aucune nouvelles de la prépa alors que son stage démarrait quatre jours après son arrivée à Paris. Déception et angoisse supplémentaire à gérer.

Nous voici donc toutes deux en route pour Paris. Pas le temps de se poser des questions à l'arrivée. Atterrissage, récupération des bagages, aller à Versailles poser mes affaires et le chat, prendre la voiture, aller la charger de toutes les affaires de la Chups stockées pour son installation, repartir dans le 5ème arrondissement, décharger et tout monter avec nos petits bras musclés au 4ème sans ascenseur. Pas besoin de berceuse le soir et aucun problème de décalage horaire. Je vous recommande.

Le lendemain, déballage et installation. Découverte des éléments manquants, courses chez I..., relance de la prépa qui se manifeste le dimanche pour un stage démarrant le lundi. Le lundi matin démarche auprès de Pierre et Marie Curie pour bénéficier d'une dérogation. Attente d'une réponse jusqu'au jeudi alors que le stage a démarré selon le programme de Diderot. Mais tout s'est bien terminé puisque la Chupa Chups a été admise à Pierre et Marie Curie. Il n'y avait plus que l'administratif à gérer. (Et tout le monde sait à quel point l'administratif est léger en France... et ailleurs).

Cette phase passée, je n'avais plus qu'à me décider pour ma destination finale. Me décider est assez présomptueux. Disons continuer de lâcher prise et voir ce qui allait en sortir.

Comme un certain nombre d'entre vous le sait, mon plan de départ était d'aller faire du bénévolat au Burundi pour la femme que j'admire le plus sur cette planète (des jalouses ?).  Il s'agit de Marguerite Barankitse dite Maggy, la maman du Burundi. Je ne vais pas vous raconter ici le parcours admirable de cette sainte, voici le lien vers le site de son association : http://www.maisonshalom.org

C'était sans compter sur, comment vais-je dire ça, un assoiffé de pouvoir prêt à tout pour rester en place. Non content d'avoir été incapable de redresser le pays malgré tous les atouts qu'il avait en main depuis 2005, ayant vraisemblablement estimé qu'il ne s'était pas encore assez enrichi sur le dos du peuple, le voilà parti à l'assaut d'un troisième mandat. Qu'importe les accords d'Arusha, qu'importe la Constitution. Manipulations, menaces et hop, je change la constitution et je me présente pour un troisième mandat. Qui suis-je ? Pierre Nkurunziza. Ça, c'était fin avril. Mais les Burundais n'étaient pas décidés à se laisser faire. Début des manifestations contre le 3ème mandat, coup d'état avorté mi-mai. Une situation qui ne fait qu'empirer de jour en jour. Garder le pouvoir coûte que coûte : essayer de diviser les gens pour relancer la guerre ? Pas un problème. Détruire tous les médias indépendants ? Une priorité !Envoyer la police et la milice tuer des civils tous les jours ? Pas un problème. Avoir une jolie liste de personnes à tuer car elles sont influentes et clament ouvertement être contre le 3ème mandat ? Fait avant même de trafiquer la Constitution ! Passer outre les tentatives de médiation ? Pas un problème. Se moquer des pressions internationales ? Une évidence. Voir le pays économiquement, non plus à genou, mais à terre ? Pas un problème. Voir le pays se vider de sa force vive ? Pas un problème. Bref, la liste est longue.

Et pendant que tout un peuple souffrait fin mai (et souffre toujours) des exactions d'un malade mental, la petite blanche commençait à chercher un plan B. Partir au Rwanda retrouver un copain Burundais en attendant qu'à force de ténacité le grand manitou se retire ? Envisageable. Mais le copain en question habitant habituellement au Canada, pas sûr qu'il soit toujours là en septembre. Les jours passaient et j'espérais que le Président s'inclinerait face à la volonté du peuple. Que je peux être naïve ! Bref, mi juillet, je devais me décider. Allons-y, soyons folle. J'ai donc donné congé de mon appartement à Los Angeles. Et me voilà donc à Paris fin Août avec mes 3 valises, mon chat et pas de décision prise. Une amie m'a alors mise en relation avec une association aux Philipines. Un poste à pourvoir en urgence. J'avais toutes les compétences requises. Mais l'urgence était relative. Plus de trois semaines entre le premier contact et la réponse finale. Pendant ce temps, j'avais pris ma propre décision. Pas encore assez solide pour me lancer dans une telle aventure : être houseparent de 65 enfants au parcours pour le moins difficile, ce qui veut dire du 7/7, plus le reste de la mission. Pure folie pour tout le monde. J'avais donc décidé de partir au Rwanda, acheté mon billet et fait ma demande de visa. Bien m'en a pris, il était écrit que je ne devais pas aller aux Philipines. Ils n'ont finalement embauché personne et se sont arrangés entre eux ! Comme quoi...

Voilà chers amis, je suis maintenant à Kigali. Mon prochain texte vous racontera la suite de l'aventure !!! Parce que ça a l'air simple de faire Paris Kigali mais...


Yihah !