mercredi 7 octobre 2015

Un été chargé

Sept milliards d'habitants sur la planète, autant de cas différents. Il y a les nomades, en perpétuel mouvement qui comme les escargots se promènent avec leur maison "sur le dos". Il y a ceux qui choisissent une vie semi-nomade et découvrent le monde petit à petit, changeant de poste et de pays tous les trois ans. Et il y a ceux qui ont besoin d'un nid et qui détestent déménager. (Je parle de ceux, bien sûr, qui ont la chance de pouvoir choisir, pas de tous ceux qui sont contraints pour diverses raisons de fuir avec ou sans maison sur le dos !!!)

Définitivement, je fais partie des sédentaires attachés à leur nid. Et pourtant j'ai fait le choix de déménager il y a un peu plus d'un an pour retourner à Los Angeles et j'ai décidé de remettre le couvert en août dernier ! Pour partir où ? Au moment où j'ai empaqueté mes affaires pour les mettre en garde-meubles et n'avoir avec moi que trois valises et mon chat, je ne le savais pas trop. J'avais une vague idée mais rien n'était pleinement arrêté. J'y reviendrai plus tard.

Si vous faites partie des nidificateurs, vous savez comme moi le stress qu'occasionne ce genre de période. Ne rien oublier, ne pas faire enfermer dans un carton un élément qui risque de vous sembler indispensable par la suite et éviter d'en prendre trop et se retrouver avec des éléments inutiles dans ses valises. Comment dire ? Je crois ne pas m'être trompée concernant les cartons, je crains en revanche d'avoir opté pour le trop dans les valises. L'avenir me le dira !!!

Alors que je gérais mon petit stress personnel, j'avais pour mission de faire passer de bonnes vacances à la Chupa Chups. Je me suis donnée à fond, j'espère ne pas avoir failli ! D'autant qu'elle devait gérer son propre stress du grand saut dans une nouvelle vie : la fac de médecine, la prépa, la vie en foyer. Qui plus est, elle était affectée à Diderot et non à Pierre et Marie Curie et n'avait aucune nouvelles de la prépa alors que son stage démarrait quatre jours après son arrivée à Paris. Déception et angoisse supplémentaire à gérer.

Nous voici donc toutes deux en route pour Paris. Pas le temps de se poser des questions à l'arrivée. Atterrissage, récupération des bagages, aller à Versailles poser mes affaires et le chat, prendre la voiture, aller la charger de toutes les affaires de la Chups stockées pour son installation, repartir dans le 5ème arrondissement, décharger et tout monter avec nos petits bras musclés au 4ème sans ascenseur. Pas besoin de berceuse le soir et aucun problème de décalage horaire. Je vous recommande.

Le lendemain, déballage et installation. Découverte des éléments manquants, courses chez I..., relance de la prépa qui se manifeste le dimanche pour un stage démarrant le lundi. Le lundi matin démarche auprès de Pierre et Marie Curie pour bénéficier d'une dérogation. Attente d'une réponse jusqu'au jeudi alors que le stage a démarré selon le programme de Diderot. Mais tout s'est bien terminé puisque la Chupa Chups a été admise à Pierre et Marie Curie. Il n'y avait plus que l'administratif à gérer. (Et tout le monde sait à quel point l'administratif est léger en France... et ailleurs).

Cette phase passée, je n'avais plus qu'à me décider pour ma destination finale. Me décider est assez présomptueux. Disons continuer de lâcher prise et voir ce qui allait en sortir.

Comme un certain nombre d'entre vous le sait, mon plan de départ était d'aller faire du bénévolat au Burundi pour la femme que j'admire le plus sur cette planète (des jalouses ?).  Il s'agit de Marguerite Barankitse dite Maggy, la maman du Burundi. Je ne vais pas vous raconter ici le parcours admirable de cette sainte, voici le lien vers le site de son association : http://www.maisonshalom.org

C'était sans compter sur, comment vais-je dire ça, un assoiffé de pouvoir prêt à tout pour rester en place. Non content d'avoir été incapable de redresser le pays malgré tous les atouts qu'il avait en main depuis 2005, ayant vraisemblablement estimé qu'il ne s'était pas encore assez enrichi sur le dos du peuple, le voilà parti à l'assaut d'un troisième mandat. Qu'importe les accords d'Arusha, qu'importe la Constitution. Manipulations, menaces et hop, je change la constitution et je me présente pour un troisième mandat. Qui suis-je ? Pierre Nkurunziza. Ça, c'était fin avril. Mais les Burundais n'étaient pas décidés à se laisser faire. Début des manifestations contre le 3ème mandat, coup d'état avorté mi-mai. Une situation qui ne fait qu'empirer de jour en jour. Garder le pouvoir coûte que coûte : essayer de diviser les gens pour relancer la guerre ? Pas un problème. Détruire tous les médias indépendants ? Une priorité !Envoyer la police et la milice tuer des civils tous les jours ? Pas un problème. Avoir une jolie liste de personnes à tuer car elles sont influentes et clament ouvertement être contre le 3ème mandat ? Fait avant même de trafiquer la Constitution ! Passer outre les tentatives de médiation ? Pas un problème. Se moquer des pressions internationales ? Une évidence. Voir le pays économiquement, non plus à genou, mais à terre ? Pas un problème. Voir le pays se vider de sa force vive ? Pas un problème. Bref, la liste est longue.

Et pendant que tout un peuple souffrait fin mai (et souffre toujours) des exactions d'un malade mental, la petite blanche commençait à chercher un plan B. Partir au Rwanda retrouver un copain Burundais en attendant qu'à force de ténacité le grand manitou se retire ? Envisageable. Mais le copain en question habitant habituellement au Canada, pas sûr qu'il soit toujours là en septembre. Les jours passaient et j'espérais que le Président s'inclinerait face à la volonté du peuple. Que je peux être naïve ! Bref, mi juillet, je devais me décider. Allons-y, soyons folle. J'ai donc donné congé de mon appartement à Los Angeles. Et me voilà donc à Paris fin Août avec mes 3 valises, mon chat et pas de décision prise. Une amie m'a alors mise en relation avec une association aux Philipines. Un poste à pourvoir en urgence. J'avais toutes les compétences requises. Mais l'urgence était relative. Plus de trois semaines entre le premier contact et la réponse finale. Pendant ce temps, j'avais pris ma propre décision. Pas encore assez solide pour me lancer dans une telle aventure : être houseparent de 65 enfants au parcours pour le moins difficile, ce qui veut dire du 7/7, plus le reste de la mission. Pure folie pour tout le monde. J'avais donc décidé de partir au Rwanda, acheté mon billet et fait ma demande de visa. Bien m'en a pris, il était écrit que je ne devais pas aller aux Philipines. Ils n'ont finalement embauché personne et se sont arrangés entre eux ! Comme quoi...

Voilà chers amis, je suis maintenant à Kigali. Mon prochain texte vous racontera la suite de l'aventure !!! Parce que ça a l'air simple de faire Paris Kigali mais...


Yihah !

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