mardi 27 septembre 2011

Billet d'humeur : "avoir la tête dans le guidon"


Il y a, me semble-t-il, une expression très imagée et tout à fait révélatrice de l'état dans lequel nous sommes quasiment tout le temps : "avoir la tête dans le guidon".

Nous nous laissons aspirer par le quotidien, nous nous laissons envahir par nos pensées et nous ne soufflons jamais. Quand un problème se présente, nous nous en saisissons et le tournons et le retournons dans tous les sens, ce qui apporte de l'angoisse mais rarement une solution. En fait, il est plus efficace d'identifier le problème, de ne pas se voiler la face bien sûr, puis de le laisser de côté. Ce lâcher-prise, auquel nous ne sommes pas habitués, est merveilleux : la solution semble surgir d'elle-même, comme une évidence. Exercice certes peu facile au début, mais d'une redoutable efficacité. Et puis convenons-en, que nous apporte de ressasser les problèmes hormis de la négativité ?

A contrario, lorsque les choses vont bien, nous ne nous y attardons pas. Pourquoi ? Considérerions-nous que cela est normal, que cela nous est dû ? Très vraisemblablement. Nous sommes donc guidés par nos seuls désirs et notre ego.

Si nous sortons la tête du guidon, nous allons voir la route devant nous, le paysage; voir que la route ne peut pas être toujours rectiligne, sans bosse et sans creux. Alors, au lieu de nous concentrer uniquement sur la bosse, le creux ou le virage du moment, n'oublions pas qu'ils ne seront pas plus éternels que le plat ou la ligne droite. Et c'est aussi grâce à la dualité que nous savons apprécier les choses. S'il n'y avait pas de côte, il n'y aurait pas de descente et ainsi de suite. Les problèmes que nous rencontrons sont donc un "mal" (du point de vue de l'ego, puisqu'ils contrecarrent nos désirs) nécessaire pour que nous progressions, que nous grandissions. Mais nous n'en ressortirons pas plus grandis si nous les laissons être notre seul point d'attention. Prenons le temps de regarder la magnificence de ce qui nous entoure et dont nous faisons partie; sachons admettre qu'un problème, si déplaisant soit-il, est une occasion d'évoluer et d'apprendre. Du reste, c'est simple, si on ne sait pas voir en quoi le problème du moment peut nous faire grandir, si nous ne savons pas changer grâce à lui, nous sommes sûrs de rencontrer le même problème, à peu de chose près, un peu plus tard sur la route.

Dans la vie, il ne faut donc pas "baisser la tête pour avoir l'air d'un coureur"... nous en ressortirions bossus. Ce serait bien dommage.

Yiha !

samedi 6 août 2011

Billet d'humeur : le mental

C'est incroyable le poids de notre mental sur notre vie... et je ne pense pas que ce soit toujours très positif, loin de là !

En fait, si nous laissons notre mental prendre le dessus, c'est foutu. Prenons un exemple; vous devez faire une chose bien spécifique, mais votre mental vous dit que vous n'en avez pas envie, ou pas le courage, ou que vous êtes fatigué ou que sais-je encore. Si vous laissez ces pensées prendre le dessus, il est sûr et certain que ce sera une corvée, que vous la ferez en râlant et tempêtant, et par-dessus le marché, ça risque d'être mal fait.

Si cependant, vous décidez de faire taire cette petite voix, de passer outre et de simplement agir avant qu'elle ne vous ait complètement envahi; si vous vous y mettez en vous concentrant simplement sur le moment présent, à savoir sur ce que vous faites, sans laisser intervenir la moindre projection de votre mental, vous allez accomplir votre tâche sans encombre, rapidement et elle sera bien faite. Essayez et vous verrez que ça fonctionne.

Aujourd'hui je devais faire une valise. Pas de quoi s'angoisser ! Mais depuis hier, mon mental me disait "je n'ai pas envie, j'ai la flemme. C'est l'été et il pleut, que vais-je prendre ?" Enfin bref, faire une malheureuse valise devenait aussi compliqué que de relever un exploit sportif. A un moment, j'en ai eu assez. Au lieu de m'occuper de mon déjeuner (il était midi), j'ai décidé de faire taire cette petite voix qui me plombait et de passer à l'action. Je me suis concentrée sur ce que je faisais; attraper des vêtements, réfléchir en fonction de la météo, du temps pendant lequel je serais absente. Et pif paf pouf, comme j'étais concentrée sur ce que je faisais, la petite voix n'avait plus sa place et ma valise était faite en deux coups les gros !!!

Nous avons une fâcheuse tendance à projeter des peurs, des catastrophes, des si et des mais. Nous nous entravons nous-mêmes. Nous nous compliquons l'existence. Nous revenons mentalement sur le passé alors que ce qui est fait est fait; nous projetons l'avenir alors qu'il n'est pas encore. Bref nous en oublions le présent alors que tout se passe là.

Honnêtement, à quoi sert un dialogue, ou devrais-je dire un monologue interne du genre : "quand elle m'a dit ceci, j'aurais dû répondre x et non y. Je suis vraiment bête..." A rien ! Contentez-vous éventuellement de constater que vous avez commis une erreur et veillez à ce que cela ne se reproduise pas. Restez vigilant. Mais vous vilipender, vous rabaisser et tourner les choses dans votre tête pendant des heures n'y changera rien. C'est fait, point. Si cela risque d'avoir des conséquences négatives pour votre carrière par exemple, essayez plutôt de réfléchir à une façon d'arranger les choses mais ne perdez pas votre énergie à vous culpabiliser ou à vous rabaisser, ou à incriminer l'autre. Maintenant que c'est fait il n'y a plus qu'à avancer. Comment arranger les choses ? Quelle stratégie adopter ? Rester dans le moment présent avec vigilance pour saisir toute opportunité d'ouvrir un dialogue, de rectifier le tir etc..

Sous prétexte d'être des êtres pensants, nous nous laissons tuer par notre pensée. Ce n'est plus nous qui la contrôlons, mais elle qui nous contrôle !

Yiha !

dimanche 10 juillet 2011

Billet d'humeur : petits bonheurs

En ce dimanche matin, il m'a fallu m'extirper de mon lit à 5h30 afin d'emmener l'homme de ma vie à l'aéroport. Après de courtes retrouvailles de douze jours, nous voici de nouveau séparés par 10 000 km pour un mois. Mais ce n'est qu'une séparation physique... il y a en a qui vivent côte à côte mais qui n'en demeurent pas moins séparés par l'esprit et le cœur.

A mon retour, je me suis installée dans le jardin afin de lire. C'est bon le calme d'une ville un dimanche matin de juillet; une ambiance propice à la lecture. Cependant, je me suis interrompue de nombreuses fois, jusqu'à refermer mon livre. Non que celui-ci fut inintéressant, loin de là.

Mon regard, à moins que ce ne fut d'abord mon ouïe, a été attiré par le ballet d'oiseaux que je n'avais plus vus depuis des années. Etait-ce de l'inattention ou leur réelle raréfaction ? Il s'agissait d'hirondelles. Je suis extrêmement mauvaise en ornithologie, mais j'adore les hirondelles. Toujours est-il que j'ai ainsi bénéficié d'un grand moment de plénitude. J'ai fini par me caler la tête vers le ciel afin d'observer leur course poursuite, d'observer la manière qu'elles avaient d'éviter le mur de la maison au dernier moment, de les écouter piailler. Il y en avait qui, par groupe de deux ou trois, se coursaient; il y avait celles qui volaient "seules"; celles qui descendaient faire du rase-mottes et celles qui étaient très haut. Puis elles allaient plus loin et disparaissaient de mon champs de vision pour revenir quelques minutes après. Il devait y en avoir une petite centaine mais on était loin du vol ordonné de la migration.

Dans le même temps, j'entendais la chouette qui hululait dans son arbre derrière moi, les abeilles qui venaient butiner les fleurs à mes pieds, un rouge-gorge dont j'ai miraculeusement reconnu l'appel (merci à ceux qui sont venus nidifier plusieurs années de suite sur notre balcon lorsque j'étais enfant, sinon, j'aurais séché !). Et pour clore le tableau, il y avait bien sûr les hirondelles, descendantes des celles que mon beau-frère avait dans le jardin et qu'il a relâchées lorsqu'il a lui-même quitté le nid familial.

Je suis heureuse donc d'avoir dû me lever si tôt en ce dimanche matin sans quoi j'aurais loupé cet agréable moment au cours duquel je me suis fait la réflexion suivante : le calme existe mais le vrai silence est beaucoup plus rare. Et quand on le rencontre, il est plutôt angoissant car il est synonyme de mort.

Le propre de l'homme est de penser et la pensée humaine ne s'arrête jamais. Nous avons donc un "bruit" permanent dans la tête qui est assourdissant. Seule la méditation peut permettre d'accéder à un peu de calme dans ce tourbillon. Et je me suis demandé si l'activité humaine, citadine, qui est devenue si bruyante, n'avait pas pour but, ou eu pour but à un moment donné, et de façon inconsciente, de couvrir ce bruit interne. Ça ne couvre rien, ça s'additionne... La belle affaire, et en plus ça couvre les bruits de la nature, ce qui nous empêche de nous souvenir que nous sommes un tout avec elle. Nous avons tenté de vivre en électrons libres et nous avons tenté de diriger la nature, de la transformer selon nos désirs comme si elle était un élément extérieur à nous-mêmes; productions intensives tant dans la culture que dans l'élevage; plantations hors-sol; fruits rouges en hiver; organismes génétiquement modifiés et j'en passe. Ils sont fous ces humains ! Nous avons juste oublié que la nature nous nourrit et qu'à notre tour, un jour nous la nourrirons. Et c'est beau de voir l'émergence d'une conscience collective à ce sujet sur notre planète !

Yiha !

vendredi 6 mai 2011

Il était une fois



Je suis élève en seconde dans une école catholique de filles, Blanche de Castille (eh oui, personne n'est parfait). Bien décidée à passer un bac en économie, je décide d'apprendre la japonais. Choix à priori judicieux dans les années 80. Les cours ont lieu tard le soir, dans l'école d'en face… l'école catho des garçons, Saint Jean de Béthune.

La mixité n'a pas encore pénétré ce type d'établissement, mais ça ne saurait tarder. Pour l'instant, nous avons nos hauts lieux de rencontre. Le café voisin, "chez Cam", où nous allons manger un croque à midi ou prendre un café le matin, ou encore les bancs de la place La Boulaye… où bien sûr, nous nous asseyons sur les dossiers, nos pieds reposant sur l'assise ! Quel cliché !

Alors que je déjeune chez Cam avec des amies, un jeune type bien sûr de lui, vient faire sa pub pour la pièce de théâtre qu'il met en scène à Saint Jean. Il va remettre ça les jours suivants. Au premier abord, son côté prétentieux me tape sur le système…

Je vais donc suivre mes cours de japonais à Saint Jean. Notre prof, Japonais, enseigne habituellement à des étudiants de Science Po et découvre ce que sont des élèves de 16 ans, immatures, et qui pour la plupart viennent là en dilettantes. Nous sommes deux à nous intéresser vraiment au cours, mais il semblerait que mes questions agacent le prof. Bref, je prends la mouche et finis par aller à reculons à ses cours.

Tant et si bien, qu'au lieu de longer sagement le théâtre et de grimper quatre à quatre les escaliers vers la salle de cours, je finis par prendre l'habitude de m'arrêter au théâtre pour assister aux répétitions de la pièce. Du temps a passé; je suis en première et la représentation de la pièce dont l'autre arrogant faisait la promo a déjà eu lieu. Cette fois, il met en scène le Dindon de Feydeau. Je suis vite devenue souffleur des jeunes comédiens en herbe. Tout cela est beaucoup plus amusant et grisant que des cours de japonais !!!

Qui plus est, il y a parmi les acteurs un beau blondinet aux yeux bleus qui ne me laisse pas indifférente. Ah, dilemme ! Le côté prétentieux du metteur en scène, brun aux yeux noirs, me semble être une façade qui cache une personnalité bien différente, et je m'y intéresserais bien de plus près. Entre les deux mon cœur balance.

La représentation approche. Une campagne d'affichage nocturne est organisée un samedi soir. Je me propose bien évidemment. Après ça, nous irons dormir chez le metteur en scène qui habite un studio attenant à l'appartement de ses parents. Enfin, dormir est un bien grand mot, nous passons la nuit à refaire le monde. Quant à moi, j'ai craqué pour le brun aux yeux noirs… qui me larguera trois jours plus tard !!!

Pas grave. Je suis bonne joueuse et nous restons très amis. Je suis raide dingue amoureuse et suis sûre et certaine que c'est réciproque mais qu'il ne veut pas se l'avouer. Patience, ma fille, patience. Nous nous voyons régulièrement, nous téléphonons beaucoup et nous écrivons pendant les vacances scolaires. Vous connaissez beaucoup de garçons de 17 ans qui écrivent ainsi à une simple amie ? Mouais, bof.

Et c'est amusant, pour quelqu'un qui n'a soi-disant pas de mémoire, je retiens dans les moindres détails chaque petit événement qui tend à prouver qu'il m'aime. Nous sommes en mai, la représentation a été un succès (et une surprise pour les parents du metteur en scène qui ont retrouvé leur salon sur scène !!!) et le bac de Français approche. Nous sommes très exactement le 5 mai 1987 et nous avons rendez-vous. Coup de téléphone. Monsieur est malade. Exit le rendez-vous. Comme d'habitude, nous allons passer une heure au téléphone, au moins ! C'est incroyable cette faculté de se voir quasi tous les jours et de pouvoir passer en plus des heures au téléphone avec les copains. Pas étonnant que nos parents piquaient des crises !

Bref, il me dit tout à coup "j'ai quelque chose à te dire". Ha, ha ! Je te tiens ! Un grand sourire se dessine sur mon visage et je lui rétorque que je crois savoir ce que c'est mais que j'attends (avec impatience, mais ça je le garde pour moi) qu'il me le dise. Bingo, gagné… il me déclare sa flamme !

Quelques temps après, je vais faire le grand saut… Et en remerciement, deux semaines plus tard, je suis cocue avec une saleté de Myriam, que je trouve moche (bien sûr) et vulgaire. Une petite mise au point s'impose. Tout rentre dans l'ordre.

L'été se passe. Je travaille en juillet pour payer mes vacances aux Etats-Unis où je pars retrouver une amie expatriée. De son côté, il va aussi aux Etats-Unis en séjour linguistique puis finit ses vacances en famille en Espagne. Bref, ces deux mois de séparation nous semblent une éternité.

Nous avons eu chacun un gros chagrin d'amour qui nous rend méfiants. Je refuse de faire des plans sur la comète. L'idée de projeter quoique ce soit, même sur trois mois m'est impossible. Et quand par hasard, il s'y aventure, je calme ses ardeurs.

Voilà. C'était il y a 24 ans… et nous avons fêté hier nos 19 ans de mariage !

Bon anniversaire mon cœur.

Je vous rassure, ce n'est plus un arrogant prétentieux. J'avais raison, cette façade cachait un être bien plus intéressant ! Il faut bien que jeunesse se passe !!!

Yiha !

mardi 3 mai 2011

Billet d'humeur : une matinée radieuse

Chaque nouvelle journée qui commence est une joie et un espoir en soi. Mais il faut reconnaître que certaines sont plus réussies, plus positives que d'autres. Et il est vrai que l'état d'esprit dans lequel on démarre le matin influence la suite. Bon, parfois, on se réveille avec un état d'esprit positif mais la mauvaise humeur d'autrui, sans être forcément contagieuse, peut vous mettre du plomb dans l'aile.

Je ne sais pas vous, mais personnellement, mes réveils d'adolescente ressemblaient fort à ceux d'un ours mal léché ! La règle établie était donc de ne pas m'adresser la parole et tout se passait… au mieux dirons-nous.  Il faut reconnaître que le temps passé en commun le matin était réduit à une peau de chagrin. Je me réveillais par moi-même, ne prenait pas de petit-déjeuner (quelle funeste erreur !), me préparais et partais en cours. Bref, une parfaite autonomie qui laissait la possibilité aux adultes de m'éviter !!!

Il y a bien longtemps que je ne suis plus une ado mais j'ai le bonheur d'être mère d'une ado ! Bon, en bonne précoce, elle me fait sa crise d'ado plus tôt que les autres et dans un pays où le mot "autonomie" n'a guère de place. Histoire d'éviter tout malentendu, je demande la veille à quelle heure je dois venir la réveiller. Non qu'elle ne pourrait le faire toute seule, mais avec les boules Quiès, le réveil sonne souvent dans le vide. A l'heure dite, j'arrive à pas de loups avec le petit déjeuner fin prêt. En effet, depuis que la Chups a un an, tant qu'elle a l'estomac vide, c'est un monstre. Je la réveille tout en douceur ne sachant jamais quel sera le résultat. La veille encore, je me suis assurée que le menu de la lunch box lui convenait. Mieux vaut éviter les questions le matin au réveil ! Et après il faut gérer le fait de partir à l'heure… car ici, pas question d'aller seule à l'école. Je reconnais que ça ne se passe pas trop mal dans l'ensemble.

Mais ce matin, ça n'a été que du bonheur ! Réveillée et levée à l'heure, souriante pour son petit-déjeuner, et faisant des efforts avec le sourire pour être à l'heure. Un grand merci à la Chups ! J'en veux des comme ça tous les jours !!!

Voici donc une journée qui démarrait de la meilleure façon. Il fallait que cela continue.

N'ayant pas à aller jusqu'à l'école mais seulement à déposer la Chups pour le covoiturage, j'étais de retour pour finir mon café à 7h45. Moment de détente sur le balcon, sous le soleil (pas encore trop chaud) : écouter les oiseaux, observer les écureuils, admirer le ciel bleu; une merveilleuse façon d'entamer sa journée.

Il est prévu une température de 30°C (à l'heure où j'écris, il en fait déjà 32), donc il est préférable de s'activer de bonne heure. Alors à l'attaque… Retrait des draps, descente dans la salle des machines, mise en route du lavage. Et de un ! Retrait des vêtements pour enfilage de maillot de bain. 25 minutes plus tard, j'ai fini mes 40 longueurs. Et de deux ! Il est 9h00. Douche. Et de trois ! Redescente dans la salle des machines; mise en route du séchoir. Et de quatre ! Prendre la voiture et aller chez Costco. Alors là j'ouvre une parenthèse pour ceux qui ne connaissent pas.

Costco est une chaîne de magasins, je devrais même dire d'entrepôts géants, où vous trouvez de tout dans des quantités gargantuesques. Pour y entrer, vous devez être membre, et selon votre cotisation, vous pouvez arriver à l'ouverture (10h00) ou une heure après. J'étais donc garée à 9h45. Et comme à chaque fois, j'ai eu droit à cette scène merveilleuse : les gens sont là, agglutinés devant la grille, caddie en mains, prêts à foncer. J'attends toujours le coup de pistolet donnant le départ mais ça n'est pas encore arrivé. Je trouve ça très amusant. Où est le stress puisque, un, nous ne sommes pas 150; deux, étant donnée la taille du magasin, ce ne sera pas la bousculade à l'intérieur, et trois, il y en aura pour tout le monde !!!

Bien, je ferme la parenthèse. Donc prendre la voiture pour aller chez Costco, faire les courses. Et de cinq ! Attraper les draps secs au passage, ranger les courses et refaire le lit. Et de six ! Et voilà, il est 10h45 !

Et là, je dis bravo ma fille. Tu as toute la journée devant toi pour écrire, lire, t'occuper de tes amis.

Vive les journées qui commencent bien !

Yiha !

mardi 26 avril 2011

Baissez les projecteurs, silence, on vit !


Lorsqu'on emploie le mot pollution, la plupart du temps on sous-entend pollution atmosphérique. Inutile de dire que dans la ville où la voiture est la reine, à savoir Los Angeles, la pollution atmosphérique est fort élevée. En arrivant ici, avec une fille asthmatique, je m'imaginais que cela serait mieux qu'à Paris, ne serait-ce que parce que nous sommes au bord de l'océan, parce que les bâtiments sont bas et que sais-je encore.

Erreur funeste. Ma fille a beaucoup plus utilisé son médicament pour les crises d'asthme ici… et maintenant, c'est moi qui suis asthmatique !!! Nous bénéficions d'un temps merveilleux et le hic vient de là. (non que je regrette le temps parisien !). En effet, les pluies régulières qui arrosent Paris font retomber les particules, ce qui est rarement le cas ici.

Mais s'il n'y avait que la pollution atmosphérique !

Que dire de la pollution visuelle. Je ne parle pas de la beauté ou de la laideur des choses (encore que). Mais franchement, a-t-on besoin de toutes ces enseignes lumineuses, de tous ces lampadaires allumés toute la nuit ? Il me semble qu'un certain nombre de progrès a été fait en la matière, soit pour un éclairage plus économique, moins agressif et plus écologique, soit des éclairages qui illuminent les rues lorsqu'une voiture ou un piéton y pénètre (dans la rue s'entend, pas dans le lampadaire !). Inutile d'essayer de voir la moindre étoile le soir depuis mon balcon, c'est peine perdue !

Et enfin nous avons la pollution sonore. Vivement les voitures silencieuses ! Ce bruit de fond permanent est FA-TI-GUANT. Que j'aime ma petite voiture hybride et son silence. Car, il ne faut pas oublier non plus les sirènes. Et ça, les sirènes, ici, ils aiment bien. La police, les pompiers et les ambulances; comme partout me direz-vous, si ce n'est qu'ici elles sont particulièrement fortes. Le pompon étant en cas de chasse au malfrat avec l'hélicoptère de la police qui tourne en rond au-dessus de votre tête pendant une demi-heure (ce qui sous-entend bien évidemment, les voitures de police qui arrivent en renfort toutes sirènes hurlantes).

L'homme est fou. Il serait temps que nous nous posions pour observer l'environnement que nous nous imposons et que nous utilisions nos belles technologies pour le rendre un peu plus humain !!!

Yiha !

jeudi 21 avril 2011

Vivre avec une adolescente


Il est très intéressant de vivre avec une adolescente. En effet, apprendre à gérer les sautes d'humeur sans s'énerver est un exercice peu commode.

Chaque fois que votre ado vous regarde d'un œil noir qui semble plein de haine, qu'elle est fermée comme une porte de prison, il faut se dire, parce que c'est vrai, que c'est la même personne, le même Etre, qui quelques heures avant, vous donnait de l'amour et de la tendresse, vous souriait, était gentille.

Elle se cherche, essaie de s'affirmer et est elle-même dépassée par ce qui lui arrive. Alors, en tant que mère, en face, vous ne pouvez que donner de l'amour, et de l'amour et encore de l'amour. S'énerver ne ferait qu'empirer les choses. Pas facile tout ça !

Voilà une expérience qui apprend à être vraiment ancrée dans le moment présent. Quand le moment est bon, le savourer avec délectation et quand le moment est moins bon, se dire que ce n'est qu'un moment, qu'il est passager. Et savoir que si vous entrer dans la mauvaise humeur de votre ado, le moment désagréable risque de se prolonger. Et votre relation risque de se dégrader. A l'inverse, en gardant son calme et en transmettant de l'amour et une présence absolue, le moment désagréable devient plus éphémère. Par ailleurs, c'est un message essentiel pour votre fille de voir et de comprendre que votre amour maternel est inconditionnel.

Alors voilà, un coup blanc, un coup noir, mais jamais gris ! Il faut prendre les choses telles elles sont et surtout ne pas commencer à se demander si cela va durer un an, deux ans ou trois ans. Ça durera ce que ça durera et vous n'y changerez rien. Donc, vivre l'instant présent au mieux. Après, advienne que pourra !

Yiha !

lundi 18 avril 2011

Et après

Après toutes ces épreuves, vous êtes enfin rentrée chez vous.

Vous avez quitté la France. Vous y étiez venue pour prendre des vacances… de vraies vacances. Et vous vous êtes retrouvée à la tête d'un cancer du sein.

Maintenant que cela relève du passé, qu'en pensez-vous ?

Que du bien ! Si si, je ne plaisante pas.

Ce cancer a été une expérience merveilleuse. Sans que cela me coûte, j'ai traversé les étapes qui se présentaient à moi. J'ai rencontré des gens merveilleux qui maintenant comptent dans ma vie. Qu'ils restent présents ou choisissent de disparaître n'y changera rien, ils seront toujours dans mon cœur. J'ai  vécu une véritable renaissance et j'ai appris à vivre.

Je suis une nouvelle Muriel. J'aime la vie, j'aime ce que je suis… simplement parce que je suis. Je m'émerveille de chaque journée qui commence; j'ai appris à lâcher prise sur certaines choses. J'ai compris  à quel point se faire plaisir est important et je ne redoute en rien la mort. Simplement parce que je profite de chaque moment de l'existence. Mais avant de quitter ce monde, j'aimerais comprendre pourquoi je suis là. Alors j'y travaille avec assiduité et bonheur. J'ai l'impression de me poser de nouveau les questions fondamentales que je me posais adolescente…

On a attribué à Malraux la phrase " le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas". A tout le moins, il me semble qu'il sera spirituel ou ne sera pas. On peut être spirituel sans être religieux.

Nous vivons un vrai réveil des consciences, ne serait-ce que par rapport à notre planète. Nous semblons enfin comprendre que la Terre n'est pas un self-service dans lequel nous venons nous servir impunément en y faisant tout et n'importe quoi.

Il est clair que si nous continuons à jouer au parfait petit chimiste malgré les appels lancés par notre planète nous disparaîtrons purement et simplement. Et cela n'est n'est ni bien ni mal; cela est. Mais en tant qu'humain, j'aimerais que cela ne soit pas et que nous continuions d'exister. A nous de jouer !

Yiha !

Radiothérapie



15 janvier 2011 : retour à Paris.

Bon allez, c'est la dernière ligne droite ! Quand faut y aller, faut y aller.

Le 18, j'ai rendez-vous pour faire le repérage. En clair, ils calculent l'angle pour les rayons et mettent des repères sur votre sein. Mais cela ne se fait pas sur la machine qui servira à la radiothérapie.

Trois jours après, j'ai un rendez-vous pour le calage de la machine. J'ai bien précisé que je reprenais l'avion le 10 mars et que je ne resterai pas un jour de plus. Les infirmières sont sympas et ça commence plutôt bien puisqu'elles enchaînent le calage avec une première séance (ce qui ne se fait pas d'habitude). Et je repars avec mon emploi du temps de la semaine suivante. Bien, ça va être pratique, c'est chaque jour un horaire différent. Et comme le VSL doit me prendre à Versailles, il va être difficile de caser des escapades à Paris.

J'ai droit à 30 séances de rayons. Les 25 premières vont irradier l'ensemble du sein et les 5 dernières cibleront l'endroit où se trouvaient la tumeur. La position n'est pas des plus confortables et j'ai entendu nombre de patientes se plaindre de douleurs diverses et variées. Personnellement ça ne m'a en rien gênée et puis ça dure 2 minutes ! Vous êtes donc allongée sur le dos, le bras côté tumeur relevé et plié vers votre tête en étant maintenu dans une gouttière. Votre deuxième bras est le long de votre corps et votre tête est tournée à l'opposé de votre bras plié. Voilà, la seule chose qu'on vous demande, c'est de ne pas bouger.

Chaque soir, je me tartine consciencieusement de Biafine et les jours où je n'ai pas de séance, j'en mets également le matin.

Oiseau de mauvaise augure, "mon" VSL (et oui, une nouvelle carte dans mon jeu des 7 familles cf "vive les vacances suite" et "encore une bonne nouvelle") à qui je raconte que je reprends l'avion le 10 mars, éclate de rire et me dit que je rêve. Il y a toujours des pannes de machine qui décalent la fin de la radiothérapie. Bon, on verra bien. Mais comme je suis très optimiste et très entêtée, je ne change pas mon billet de retour.

Bien m'en a pris, puisque les dates ont été parfaitement respectées. Et toc ! Je n'ai eu droit qu'à une panne machine et je suis retournée à la clinique le soir même pour avoir ma séance malgré tout. Têtue vous dis-je !

On m'a également prédit que je serai brûlée. Aux toutes dernières séances, ça faisait vraiment coup de soleil. Mais c'est passé en quelques jours. Quant à la prédiction qu'après la fin de la radiothérapie, la peau allait sécher et devenir marron (perspective tout à fait charmante), rien de rien.

En revanche, alors que j'avais une pêche d'enfer au début, la fatigue m'est tombée dessus avec virulence au bout de trois semaines. Je me trouvais très bien sans cette chipie dans les pattes !

Pendant six semaines je vais donc avoir tous les horaires possibles ! Le plus tôt ayant été 7h20 un lundi matin et le plus tard 19h40 un vendredi soir, ce qui a réjoui mon VSL !!!

Ce qui était vraiment casse-pieds, c'était les jours où il y avait du retard. Jusqu'à une heure et demi… Ce qui fait que pour une séance de 2 minutes, il est arrivé que ça me prenne 3 heures. Et c'est amusant, les jours où il y avait du retard c'était toujours quand une certaine infirmière était là. Comme disait mon VSL, "évidemment, elle a 2 de tension!" C'est sûr que ça n'aide pas !!!

Malgré ces horaires fantaisistes, je suis parvenue à faire quelques virées parisiennes pour voir des amis. J'ai également réussi à m'échapper un vendredi après-midi chez des amis qui habitent à côté de Saint-Etienne et à ne rentrer que le lundi après-midi. Tout est affaire d'organisation !

Voilà, fin de la grosse partie de l'aventure. Je n'ai plus "que" cinq ans d'hormonothérapie. Mais c'est de la rigolade après une chimio et une radiothérapie… juste un petit comprimé par jour.

L'été prochain, retour en France, pour de vraies vacances cette fois !

Yiha !

dimanche 17 avril 2011

Transport


Avant de quitter la France, j'ai laissé un message à une entreprise de VSL.

Qu'est-ce qu'un VSL ? Un véhicule sanitaire léger. En clair un véhicule normal, avec une jolie croix d'ambulance.

Pour la chimiothérapie, je ne me suis même pas posée la question. Une fois toutes les 3 semaines, il y a moyen de s'arranger avec le famille. Mais pour la radiothérapie, qui a lieu tous les jours, c'est une autre paire de manches.

Tout le monde m'ayant bien précisé qu'il était extrêmement difficile d'avoir un VSL, et qu'il fallait s'y prendre à l'avance afin d'être sur leur planning, j'avais laissé un message avant mon départ de Paris, donc vers le 1er décembre. No news.

Quelques jours avant mon retour à Paris, j'ai donc rappelé Primus Ambulances (la boîte que j'avais contactée sur recommandation de la clinique). Chose assez amusante, ils venaient de me laisser un message chez mes beaux-parents. Bref, je laisse un message sur la boîte vocale et on me rappelle aussi sec à Los Angeles. Wouaouh ! Je suis blufée; ça ne ressemble tellement pas à l'image des boîtes françaises !!! Je promets de rappeler lorsque j'aurai mon planning.

Me voici à Paris. J'ai un premier rendez-vous afin de caler la machine. Je ne suis même pas sortie de ce premier rendez-vous que Primus Ambulances m'a déjà rappelée pour connaître mes rendez-vous. Oh les gars du calme, je ne suis pas habituée à autant d'efficacité de la part d'une boîte française !!!

Bien, les choses se mettent en place. La clinique  qui me suit est géniale, mais les rendez-vous de radiothérapie ne sont pas réguliers. En clair, c'est un jour à 8h30, le lendemain à 16h30 et le surlendemain à 12h00. Bref, de quoi devenir chèvre ! Surtout que cela va durer deux mois !!!

Deux mois durant lesquels ces fichus horaires vont être le centre de votre vie. Deux mois durant lesquels votre emploi du temps va dépendre des autres. Un peu crispant.

Chaque séance de radiothérapie va durer 3 minutes. Mais le trajet pour aller de Versailles à Boulogne va durer au moins 40 minutes aller-retour (enfin ça, c'est aux heures creuses et dans le meilleur des cas !). Vous avez intérêt à ce que ça se passe bien ! Si votre chauffeur est un fieffé connard, tant pis pour vous ! Finalement, le temps de transport devient primordial.

J1 avec le VSL. Grosse surprise. Vous savez que si ça ne colle pas, vous êtes tout à fait capable de renoncer au VSL et de vous taper les trajets en transports en commun. Oui, vous avez assez mauvais caractère pour aller jusque-là ! Donc, l'heure est grave.

Vous voyez arriver un mec au look plutôt cool qui vous met à l'aise. Bon, ça démarre plutôt bien. Il est à l'heure et ne vous toise pas. Votre côté rebelle, déjà prêt à prendre la tangente se calme et vous êtes prête à prolonger l'expérience.

Vous avez eu affaire au chef. Mais pif paf pouf, vous vous retrouvez avec un employé le samedi matin. Sale bique que vous êtes, tous vos sens sont en éveil. Rien à redire. Là encore votre trajet se passe dans les rires et la bonne humeur.

Vous vous rendez vite compte que les trajets sont plus importants que les rayons en soi. C'est peut-être dû à votre caractère mais qu'importe. Vous ne prêtez guère attention aux rayons… c'est une étape obligée et selon vos habitudes, vous ne vous posez aucune question quant aux effets secondaires éventuels. Résultat des courses, vous passez à travers tous les effets secondaires. Pas de brûlures (mais vous avez à cœur de vous tartiner de Biafine tous les soirs), ni pendant ni après.

Par contre vous êtes ravie de vos trajets. Que ce soit avec le grand chef ou avec ses acolytes, une ambiance de franche camaraderie s'est installée. Vous n'allez donc pas à l'abattoir. Vous passez des moments fort agréables avant et après des moments incontournables.

Vous appréciez le professionnalisme de la boîte : savoir vous prévenir en cas de retard, tant de leur part que de celle de la clinique. Vous n'êtes donc pas du bétail. Remarquez, vu votre bon caractère, c'est mieux ainsi !

Finalement ces moments de franche rigolade et de bonne camaraderie ont définitivement pris le dessus sur tout le reste. Merci les gars. Votre rôle est si important sur le chemin de le guérison ! Je vous embrasse du fond du cœur !

Yiha !

lundi 11 avril 2011

Période de répit


4 décembre 2010 : retour à Los Angeles.

Deux mois et demi pour le moins difficiles viennent de s'écouler loin de l'homme de ma vie et de la Chups. J'ai subi une intervention chirurgicale le 22 novembre, la dernière chimio le 1er décembre et un temps hivernal comme je n'en ai pas vécu depuis des années. Froid de gueux, neige (ça c'était chouette !), vent glacé. Bref, il me tarde d'aller faire le plein de soleil, et donc d'énergie, pendant un peu plus d'un mois avant de revenir attaquer la radiothérapie.

Me voici donc sagement à la porte d'embarquement, avec mon turban sur la tête, à lire depuis plus d'une heure. Je sens que l'appel va commencer, je suis crevée et l'idée de piétiner me fatigue encore plus. Allez hop, on y va au culot. Qui ne tente rien n'a rien. Ils appellent les prioritaires; j'explique mon cas, et en voiture Simone, je passe devant tout le monde. Un embarquement de rêve ! Alors que les gens se bousculent et cherchent une place pour leur bagage à main, je suis déjà confortablement installée. Quelle chance !

J'ai devant moi douze heures de vol et un décalage de 9h00 qui m'attendent. Comme à mon habitude, je ne me demande pas comment je vais le gérer. Je prends les choses comme elles viennent… sinon on n'en sort pas. Déjà, le scoop de l'année, c'est que je parviens à dormir un peu dans l'avion, par petits tronçons. La seule chose dont je souffre, c'est le déshydratation… la peau de mes mains tire et je n'ai pas de crème sur moi bien sûr. Quant aux hôtesses, elles prétendent ne pas en avoir. Et mon œil, t'as vu comme il est marron : elles en ont pour les premières !

Bien que n'aimant pas les anticipations négatives, je sais d'expérience que l'arrivée à LA va être un enfer. Au moins une heure à piétiner, et je suis gentille ! Si je ne me sentais pas le courage de piétiner un quart d'heure avant le décollage, vous imaginez à quel point je m'en sens de taille après douze heures de vol. Je vais donc interroger le steward. La solution : demander un fauteuil roulant pour l'arrivée. Ça me semble extrême; j'ai l'impression, certes ridicule, d'usurper la place d'autrui, mais sous prétexte de scrupules idiots, je ne vais pas non plus me mettre encore plus à plat. Allons-y pour le fauteuil roulant.

Je n'ai jamais passé les douanes aussi rapidement ni aussi facilement. Ça existe ça ??? Ouh yeah ! Le charmant jeune-homme qui pousse mémé dans son fauteuil, doit en plus tirer le bagage de la dame, faute d'avoir trouvé un porteur. Il s'en est sorti comme un chef mais là, il s'arrête perplexe. Et pour cause, pour atteindre la sortie, à droite comme à gauche, il faut monter une cote. Qu'à cela ne tienne, je vais descendre du fauteuil, lui dis-je. "Mais, vous êtes sûre que vous pouvez ? ". He oh, là, on se calme. Fatiguée, certes, mais encore capable de mettre un pied devant l'autre. A 41 ans avec juste une chimio, il ne faut rien exagérer tout de même ! Bref, nous plantons le fauteuil roulant et c'est parti. Heureusement. Je pense que c'eut été un choc tout à fait inutile pour mes loulous de me voir arriver ainsi. Oh que c'est bon de les serrer dans mes bras !!!

La Chups a encore deux semaines d'école avant ses premières vacances de l'année. Il va falloir que je reprenne le flambeau : réveil à 6h30, préparation de la lunch box et certains trajets à l'école. A vrai dire, je passe ces deux semaines en mode automatique, version zombie au radar. Certains matins, je suis incapable d'émerger, surtout les premiers jours et c'est l'Homme qui doit gérer. Voici un exemple de mon état : le premier vendredi après mon retour, je suis invitée à déjeuner chez une amie avec Copine. Ce matin-là, j'assume le minimum syndical; réveil, petit déjeuner, lunch box et déposer la Chups à la station essence pour covoiturage. Cet après-midi, ce n'est pas moi qui vais à l'école et Copine propose de venir me chercher pour le déjeuner. Donc, une journée très très relaxe en perspective. Incroyable mais vrai, je suis rentrée du déjeuner, où nous n'étions que trois, vidée de toute énergie. Oh que ça m'a énervée !

Cet état léthargique fait que je n'ai pas de souvenir particulier de ces deux semaines. Si, juste un. Quelques jours après mon arrivée, mes mains se sont mises à me brûler de façon terrible, elles étaient rouges. La peau partait par plaques. Très joli ! Des mains de lépreuses. Et la tonne de crème appliquée quotidiennement n'y changeait rien. Conséquence directe de la déshydratation subie dans l'avion. C'est juste anecdotique… j'ai retrouvé mes jolies mains !

Enfin les vacances ! Dire ça quand on n'a rien fichu depuis des mois, c'est un comble. C'est pourtant bel et bien ce que je ressens. L'idée de ne pas entendre le réveil le matin est source d'un immense bonheur !

Bien. Noël en famille quand la famille se borne à papa, maman, fifille, ce n'est pas forcément top (surtout pour fifille et surtout quand l'Homme déteste Noël). Il faut donc rendre les choses un peu attractives. L'an passé, nous avions choisi la Vallée de la Mort. Le 24, nous avions fait une virée à Las Vegas avec spectacle de David Copperfield et dîner dans un bon restaurant français. De retour à l'hôtel dans la Vallée, ouverture des cadeaux. Alors, cette année ?

Il s'agit de faire dans le facile, parce qu'il y a mamie à bord ! Je suis hors d'état de nuire mais aussi hors d'état de crapahuter. Nous posons notre dévolu sur San Diego. Deux heures de route ne devraient pas épuiser la vieille. Et tant qu'à faire, nous emmenons une amie de la Chups, histoire que ce soit plus amusant pour elle. Nous partons le 19 et ramènerons son amie le 23. Quant à nous, nous prolongerons jusqu'au 25, Noël oblige.

Le soleil. Ah, le soleil tant attendu ! Le dispenseur d'énergie tant convoité ! Alors, c'est bien simple, on oublie le soleil. Voilà. Disparu. Rayé des cartes de Californie. En lieu et place, vous mettez des pluies diluviennes à partir du 19 décembre. Et pluies diluviennes ici, c'est quelque chose. Ça veut dire routes inondées, glissements de terrains, maisons détruites et, le moindre mal, coupures de courant. Et histoire de compléter le tableau, vous ajoutez un vent à décorner les bœufs.

C'est donc dans ces conditions, qui sous-entendent qu'il fait nuit en plein jour, que nous faisons la route de Los Angeles à San Diego. Bon, ça ne va pas durer, n'est-ce pas ? Alors là, tout faux. Ça dure et ça dure et ça dure ! Que faire pour occuper les donzelles ? J1 : du patin à roulettes dans un lieu couvert prévu à cet effet. Passionnant pour les vieux ! J2 : patin à glace. Toujours aussi folichon pour les vieux qui passent le temps dans un supermarché asiatique voisin (on fait ce qu'on peut!) suivi d'un passage éclair au musée de l'homme avec des filles qui font à moitié la tête. J3 : retour au musée. Les filles font moins la gueule. Elles vont de leur côté, nous du nôtre, ça évite les tensions. J4: dernier jour avec la copine. Coup de bol, il y a une embellie. Grande ballade à bicyclette le long de l'océan. Ah tout de même !

Fidèle à mon rôle de zombie, j'ai plusieurs fois abandonné l'Homme avec les filles; après cette route harassante, (j'étais passagère quand même !), ils se sont fait une toile pendant que je retrouvais les bras de Morphée. Mais, nous avons aussi inversé : escapade au restaurant en amoureux pendant que les ados refaisaient le monde avachies sur leur lit. Le 23 au soir, je laisse tout le monde partir pour raccompagner D, et je vais me coucher. J'ai bien fait, mes loulous sont rentrés à 3h00 du matin. Pas une heure pour se coucher à 90 ans !

Le 24, nous avons une trêve. Le soleil nous honore de sa présence. Histoire de ne pas en perdre une miette, nous nous installons autour de la piscine. Ce qui est pris n'est plus à prendre. Et le soir, restaurant français (oui, c'est une fixette) et ouverture des cadeaux de retour à l'hôtel. Et cette année encore, c'est super sympa.

Le 25, retour au bercail. Nous avons du nez car, à peine arrivés depuis une heure, c'est reparti pour la pluie. Et ça va être ça toute la semaine. Je crois que je passe plus de temps dans mon lit que debout !!! Ça, ça s'appelle des vacances ! Du coup, les deux semaines avant mon départ, je suis capable d'assumer mon rôle correctement.

Depuis le 15 décembre, je suis malade. Fidèle à moi-même, je ne suis pas allée chez le médecin. Je tousse comme une caisse, surtout la nuit. A tel point que je dois aller dormir dans le salon sinon je fais subir un enfer à mon Homme. Bon, à ce stade-là, je me décide à aller consulter. Oui, je sais, je suis grave. Résultat des courses : bronchite asthmatiforme. C'est la troisième en un an et demi. Je n'avais jamais eu ça avant. Il va falloir que je consulte un pneumologue à Paris, mais je crois que je suis asthmatique. Y aurait-il des choses qui m'auraient pompé l'air ces derniers temps ???

Et voilà, mon séjour californien touche à sa fin. Je dois repartir deux mois pour la radiothérapie. Hauts les cœurs, c'est la dernière ligne droite.

En attendant, ce mois de décembre a été le plus pluvieux à Los Angeles depuis 1889. Ils l'ont fait exprès pour que je ne regrette pas trop d'avoir à repartir en France, vous croyez ?

Yiha !

jeudi 31 mars 2011

Billet d'humeur : sur la pointe des pieds



Chaque jour je reprends pied dans mon quotidien et j'ai l'impression de le faire sur la pointe des pieds. J'y vais par petite touche, les sens en éveil. Comme si je faisais ces choses pour la première fois.

Les françaises qui habitent ici (Los Angeles) savent à quel point faire les courses est un acte quotidien avec des magasins divers selon les denrées recherchées. Mon fournisseur favori est et reste Trader Joe. A la grande surprise de mon cher et tendre, j'ai mis plus d'une semaine avant d'y mettre les pieds. Je ne saurai en expliquer la raison. Je ne voulais pas que ce soit une geste d'habitude mais j'attendais d'en avoir envie. Voilà, c'est ça. Je veux faire les choses avec envie et plaisir. Et en effet, le jour où j'y suis retournée, j'étais contente. J'ai apprécié les étales colorés, les étiquettes faites à la main, le sourire du caissier, la taille humaine du magasin.

Chaque chose que j'accomplis, même si je l'ai déjà faite mille fois, je la vis comme si c'était une première fois. C'est merveilleux. Alors je ne veux pas gâcher ce bonheur en en faisant trop d'un coup.

Ce matin, je me suis retrouvée dans un parc que je connais par cœur. Et pour cause, il se trouve à côté de chez la prof de piano de la Chups. J'y vais donc souvent. Je n'y étais pas retournée depuis des mois. Le soleil était radieux. Je suis entrée dans le parc tout doucement, les sens en éveil; j'ai goûté avec délectation les caresses du soleil, mon odorat s'est régalé de l'odeur d'herbe fraîchement coupée, mes yeux étaient ravis de regarder les enfants jouer dans le sable et les adultes s'adonner à leurs sports favoris. Puis je suis allée m'asseoir et j'ai écouté le chant des oiseaux. Voilà, rien d'extraordinaire, si ce n'est la vie.

Chaque chose doit être un plaisir, même les corvées. J'entends par corvées, ce qui doit être fait, qu'on le veuille ou non (lavage, repassage…). Mais selon la manière dont on les aborde, elles peuvent être corvées ou plaisir. Alors maintenant, c'est simple, si j'ai du linge à laver à la main, je n'en fais pas toute une montagne mais je m'y mets lorsque j'en ai envie. Il en va de même pour tout. Et c'est magique… du coup c'est indolore et je le fais finalement plus rapidement que lorsque j'érigeais cela en obligation.

Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

Pierre de Ronsard - 1578 - Sonnets pour Hélène

Yiha


mardi 29 mars 2011

Billet d'humeur : il en faut peu pour être heureux


Vous vous souvenez de la chanson de Baloo dans Le livre de la Jungle ? "Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux…" C'est la première chose que je me suis dite ce matin en me levant.

Une bonne nuit de sommeil, une maison vide et calme, le café qui coule dans la cafetière et un rayon de soleil sur le balcon. Le bonheur absolu.

A force de courir après le temps, à force de m'être toujours donnée des obligations à grands coups de "il faut", "je dois", je m'aperçois à quel point je suis passée à côté de la vie. Combien de fois en fin de journée ai-je eu le sentiment de n'avoir rien fait alors que je n'avais pas arrêté ? Ah oui, mais je n'avais pas fait TOUT ce que j'aurais voulu faire.

Alors hier fut un grand jour. Une révolution dans mon petit monde.

Chupachups est en vacances depuis trois jours et mon homme est à l'autre bout du monde depuis dix jours. Ma douce ado devait aller hier dormir chez une amie. Ces demoiselles s'étaient mis en tête d'aller dans un parc d'attraction à Pétaouchnoque les bains aujourd'hui. On a bien tenté de me transformer en chauffeur. Alors, avant, me disant que c'était leurs vacances, qu'enfin la Chups avait une vie sociale et bla bla bla et bla bla bla, il y a fort à parier que j'aurais endossé le rôle de chauffeur et que j'aurais eu une journée atroce dans la mesure où je hais les parcs d'attraction ! Là, m'étant programmée pour avoir deux jours à moi et estimant qu'avoir géré une fête de 26 ados deux jours auparavant était une belle contribution à la vie sociale de la miss, j'ai accepté de financer l'entrée du parc d'attraction. Pour le reste, débrouillez-vous.

Donc hier, hormis accompagner la Chups chez son amie, à 35 kilomètres de la maison tout de même, pas de programme établi. Grand secret, grande découverte, révélation absolue ! Ne m'étant créée aucun contrainte pour la journée, j'ai eu le soir un ressenti inconnu jusque-là : celui d'avoir passé une journée très agréable alors que j'avais fait mille petites choses, dont plein de corvées disons-le. Deux secrets : pas d'auto-contrainte et un vrai moment de détente égoïste dans la journée.

Pour la première fois depuis de années, je me suis couchée contente de moi. Cela augure forcément une bonne nuit et un agréable réveil le lendemain.

Donc, voilà, ce matin je me suis levée avec la banane. J'ai apprécié le calme de la maison. J'ai adoré que mon regard embrasse une maison rangée (euh oui, parce que laisser la maison à mon homme m'a valu quelques touffes de cheveux en moins au retour). Et j'aime écrire en sirotant mon café au soleil sur le balcon.

Vive la Californie.

Yiha !

mercredi 23 mars 2011

Mon tombeur de père



Mon père était un très bel homme. A sa beauté s'ajoutait une grande classe, une éducation irréprochable et un goût vestimentaire sûr.

Non content de ces atouts, il avait appris à parler aux femmes (et à mon avis, pas seulement !). Bref il était un charmeur et un tombeur de première.

Je ne l'ai certes pas connu à ses heures de gloire puisqu'il m'a eue, comme on dit, sur le tard.

J'ai pendant longtemps regardé son appétence pour la gent féminine d'un très mauvais œil. Un tombeur fait par définition bien des dégâts et la première qui en pâtit est forcément son épouse et indirectement sa progéniture. Alors, je lui en ai longtemps voulu.

Et puis la vie passe et vous change. A tout le moins, elle a changé mon regard. Je ne suis plus dans la critique mais dans l'interrogation. Et dans l'interrogation sur les deux camps. Peut-être parce qu'aujourd'hui j'y porte un regard de femme et non un regard de fille. Je serais sûrement charmée de me faire courtisée par ce genre d'individu !!!

Qu'est-ce qui poussait mon père, et qui pousse tout tombeur, à toujours chercher à séduire ? Parce qu'au fond, je ne pense pas que ce soit la finalité mais le jeu de la séduction qui est le nœud de toute l'histoire. Et ce jeu devient un art; apprendre à jouer du regard, du sous-entendu, du compliment, franc ou à demi-mot; savoir faire rire et que sais-je encore.

Faut-il aller fouiller dans l'enfance pour comprendre ? Chercher des manques, un désamour de soi, une carence affective ? Très certainement.

Et ma mère dans tout cela ? Comment n'a-t-elle pas compris qu'elle ne le changerait jamais ? Certes, quand on tombe raide dingue amoureuse, on ne choisit pas. Mais tout de même, de là à divorcer pour l'épouser, c'était de la naïveté à l'état brut.

Cependant, quoi de plus agréable que de se faire courtiser ? N'est-il pas bon de sentir toute cette attention tournée vers soi ? Il est si valorisant de se sentir l'objet de toutes les attentions. C'est si bon pour l'égo. Et voilà tout le danger ! Car en l'occurrence, ce qui intéresse le tombeur, c'est de vous faire tomber dans les mailles de son filet. Après c'est de l'acquis. Plus aucun intérêt… pour lui du moins.

Je trouve cela fascinant ! On y retrouve l'instinct du chasseur et la fameuse image du mâle dominant. Car le tombeur domine sa proie, joue avec elle. Il s'agit de charmer et de se faire aimer, mais aussi de dominer.

Je comprends parfaitement qu'on se laisse avoir lorsqu'on est une jeunette sans expérience. Je comprends plus difficilement qu'on se laisse berner quand on a un peu de bouteille. Mais je sais gré à mon charmeur de père d'avoir œuvré et à ma naïve de mère d'avoir succombé, sans quoi je ne serais pas là !

Je leur pardonne bien volontiers les souffrances que cela a engendrées… (moi au milieu d'un divorce sanglant) car, forte de leur exemple, j'ai su choisir un homme charmant mais pas un tombeur. Je sais aussi qu'il est capital d'être charmante et charmeuse après plus de vingt ans de vie commune pour entretenir la flamme.

Et bon courage à toutes celles qui se laissent envouter par un tombeur et sont persuadées qu'elles pourront le changer. Parce que franchement ça tient du fantasme mais pas du réalisable ! 

Yiha

Billet d'humeur : les ados


Tous les comiques ont fait au moins un sketch sur les ados. Je les comprends. C'est un monde fascinant, par lequel nous sommes tous passés, mais que nous avons vraisemblablement oublié.

Chronique d'un soir, avec une ado, facile au demeurant.

Retour tardif du cours de piano, c'est à dire vers 20h30. Votre ado chérie a dîné avant de partir à son cours. Mais vous savez déjà qu'un deuxième dîner sera de rigueur au retour.

Bingo, vous aviez raison. Vous suggérez un bain chaud pendant que vous préparez le deuxième dîner. Le bain coule pendant que votre progéniture se restaure. Il est vrai qu'en même temps, elle chat et regarde des vidéos. Vous devez donc revenir cinq fois avant que votre fille se coule enfin dans son bain. Il est 22h00. La force d'inertie de cet être vous fascine.

Vous ne savez pas comment, mais votre fille est prête à se coucher à seulement 23h20. Vous partez avec son ordinateur et allez à votre tour vous couler sous votre couette.

Une petite voix vous souffle de vous relever. Vous voyez de la lumière sous la porte de la chambre. Vous frappez. Pas de réponse. Vous entrez. Votre ado est en train d'écrire. Bien. Vous accordez un quart d'heure de plus.

Vous retournez dans votre lit. Vingt minutes plus tard, vous vous relevez histoire de vérifier. Bien entendu, la lumière est toujours allumée et votre ado continue d'écrire. Vous faites en sorte qu'elle se couche.

Une fois de plus, vous allez vous coucher. Un doute vous assaille et vous vous relevez. Vous entendez votre enfant chanter. C'est louche. Vous frappez. Pas de réponse. Vous entrez… Elle écoute de la musique sur son (votre) i-pod.

Fin des hostilités à minuit passé. Vous êtes fière de vous, vous ne vous êtes pas énervée. Mais demain matin à 6h45 vous savez que vous vivrez un cauchemar.

A chaque jour suffit sa peine.

Yiha !

lundi 21 mars 2011

Pourquoi un cancer


A tort ou à raison, il m'a toujours semblé que nous ne développions pas un cancer par hasard. Certes, certains facteurs extérieurs entrent en ligne de compte mais je reste convaincue que cela ne suffit pas.

J'ai eu dans mon entourage des personnes qui, à mes yeux, développaient un cancer comme si c'était un appel à l'amour. Ne se sentant pas reconnues et aimées pour ce qu'elles étaient, elles ont ainsi appelé l'attention de leurs proches. C'est un constat et non un jugement de valeur. Nous sommes des êtres complexes s'il en est et nous ne sommes pas fournis avec un mode d'emploi comportant la page "que faire en cas de panne".

Ce principe étant posé, et sortant moi-même d'un traitement contre le cancer, je me retourne la question. Pourquoi ai-je laissé, certes inconsciemment, des cellules cancéreuses se développer ?

Primo, parce que, sous prétexte d'antécédents familiaux, j'étais intimement convaincue que, vers 40 ans, j'aurais un cancer du sein.  Bingo, c'est fait. Comme ça, un, je peux cocher la case, deux, je peux dire "j'avais raison". Quelle satisfaction ! (tu parles d'une couillonnade!)

Bon, c'est un peu léger comme explication. Alors j'ai décidé de creuser, histoire de trouver le deuxio.

Je sors aujourd'hui de sept mois de galère. Tant que j'ai été dans le tourbillon, je me suis attelée à avancer et à rien d'autre. Je n'ai eu de cesse de dire que je n'avais pas été malade. Et pour cause, le cancer a été détecté extrêmement tôt. Pourtant, à l'heure actuelle, j'envisage les choses autrement.

Je ne me suis pas sentie malade, certes, mais je ne peux pas dire que je n'ai pas été malade. Que je le veuille ou non, le cancer était bel et bien là, et si rien n'avait été fait, dans quelques années j'en serai morte.

En clair, maintenant que le plus dur est passé, je me dis que j'ai failli y passer. Il m'aura fallu du temps. Bourrique !

La question reste : pourquoi ai-je laissé la mort venir ?

Je ne pense pas avoir ainsi voulu lancer un appel à plus d'amour de la part des autres. Mais cet appel, c'est à moi que je l'ai lancé. Car jusqu'à présent, je ne peux pas dire que je me sois beaucoup aimée. En fait, je ne me suis vraiment pas laissé de place.

En effet, j'ai le sentiment d'avoir plus souvent fait les choses pour satisfaire les désirs d'autrui ou pour satisfaire les convenances. En fait, l'empreinte  laissé par nos parents est terrible. Je me suis retrouvé étouffée par les convenances et finalement, je n'ai pas eu mon mot à dire sur mes choix et mes orientations. Ont-ils cherché à savoir qui j'étais pour m'aider à m'épanouir dans une voie plutôt que dans une autre ? Non. Quant à moi, j'ai pris pour argent comptant que "je ne ferai même pas polytechnique chiens", phrase que l'on m'a serinée pendant longtemps. Bref, comme on m'a bien fait comprendre que j'étais nulle, c'est restée un postulat. Bonne chance pour le développement personnel après ça !!!

Le fait d'avoir échappé au pire fait que je veux changer cela. Je souhaite arrêter de me mettre des bâtons dans les roues. Arrêter de m'empêcher de faire les choses sous prétexte de complexes absurdes. Et surtout, surtout, je veux profiter de la vie et me faire plaisir. Car, il m'aura fallu 40 ans pour le comprendre pleinement : on n'a qu'une vie. Cette phrase simple que j'ai certainement employée mille fois, comme tout le monde, vient de prendre tout son sens.

J'ai failli laissé la mort s'installer, peut-être parce qu'une part de moi n'était jamais née. Je souhaite donc la bienvenue à cette nouvelle Muriel qui va s'aimer, s'écouter et se faire plaisir.

Yiha

Billet d'humeur : ça n'est pas grave mais ça m'énerve

J'imagine que vous avez tous vécu la chose suivante. Lorsqu'on se retrouve face à une situation qui demande de se surpasser, tout va bien. Par exemple, si vous avez un gros dossier à traiter dans votre boulot avec une date buttoir; si vous devez faire face à une situation inattendue (décès, maladie, que sais-je encore). C'est extraordinaire de voir à quel point nous avons des ressources que nous ne soupçonnions pas pour aller de l'avant.

Et puis, lorsque le dossier est rendu, lorsque l'épreuve est passée, pif, paf, pouf, l'organisme dit stop.

Soit vous sentez toute la fatigue du monde vous tomber sur les épaules, soit vous tombez malade.

Et voilà, je suis rentrée en France fin septembre pour affronter une chimio inattendue. J'ai eu droit à un froid auquel je ne suis plus habituée et tout s'est bien passé. J'ai traversé la neige et des températures inférieures à 0°C sans ambages. Lorsque je suis rentrée à Los Angeles pour un mois, histoire de souffler et de me ressourcer, j'ai eu une bronchite asthmatiforme du plus bel effet.

Je suis repartie à Paris pour la radiothérapie. Six semaines d'un traitement fastidieux. Là encore, rien à signaler.

Et bingo. Je suis de retour à Los Angeles depuis 10 jours… et j'ai une angine.

Certes, le plus important était d'arriver à faire face aux épreuves les plus lourdes. Donc, l'un dans l'autre, c'est anecdotique et sans importance, mais ça m'énerve !

lundi 14 mars 2011

La chimio

26 septembre 2010
Récapitulons. Je suis arrivée à Paris depuis une semaine; j'ai appris que je n'échapperai pas à la chimio, j'ai fait couper mes cheveux, je vais me faire poser une chambre implantable demain (sorte de cathéter) et avoir ma première chimio dans trois jours. Ça s'appelle un démarrage sur les chapeaux de roue !


Nouvelle coupe


Mais je prends tout cela avec le sourire malgré tout. Restons positive ! Cependant, il y a une petite ombre au tableau; une insupportable douleur s'est réveillée depuis hier, et je ne sais plus comment me tenir. Debout, assise, couchée, en poirier ??? Bon, on arrête de se plaindre et on avance.


Lundi, entrée en ambulatoire pour la pose de la chambre implantable; et hop, ça c'est fait. Le lendemain, prise de sang. Et hop ça c'est fait. Le surlendemain, première chimio. Donc, le matin, ingurgitation de doses massives de médicaments pour éviter les nausées puis on passe aux choses sérieuses. En fait, rien d'extraordinaire... un goutte à goutte de plusieurs heures. Le top du top, ça reste le casque réfrigérant.


Qu'est-ce qu'un casque réfrigérant ? C'est une sorte de bonnet bien lourd, qui sort d'un congélateur bien glacé et qu'on vous pose sur la tête dans l'espoir que la vaso-constriction ainsi engendrée limitera les méfaits de la chimio sur votre belle chevelure ! Qui plus est, il est d'un bleu roi tout à fait saillant ! Alors là, comment vous dire, on se sent d'un ridicule achevé mais en même temps on est prête à tout pour sauver ses cheveux. Heureusement qu'on ne se voit pas !!! Dans la même gamme, on m'a proposé les moufles, assorties; restons chic, même dans le ridicule. Mais là, avec mon syndrome de Raynaud (problème de circulation) c'était impossible. 


Donc, vous avez des femmes qui lisent des magazines chez le coiffeur en ayant la tête sous le séchoir avec des bigoudis ridicules plantés sur leur crâne; et bien moi je lisais du Dumas à la clinique avec un bonnet bleu atroce. Les unes c'est pour être bien coiffées, les autres dans l'espoir de garder quelque chose à coiffer !!!


Bon, fin de la première chimio. Je sors de là avec le tournis mais tout va bien. Et hop ça c'est fait. Le lendemain jeudi, piqûre de Neulasta pour remonter les globules blancs. Et hop, ça c'est fait.


Les effets secondaires ? J'ai décidé de faire comme s'il n'y en avait pas. C'est un parti pris comme un autre. Je ne suis pas complètement folle non plus. Mes chimios ont lieu le mercredi et je ne prévois rien jusqu'au dimanche soir. Comme ça, je peux me reposer. Je fais une demi-heure de marche matin et soir pour lutter contre la fatigue et ça ne fonctionne pas si mal. Quant à l'espèce de barre qui ne me quitte pas et qui somme toute est une nausée permanente, je la traite par le mépris.


Il est dit que la perte des cheveux (alopécie) survient en général trois semaines après la première séance de chimio. Je profite de ce laps de temps pour me préparer... et je m'en sors très bien ! Il est hors de question que je me colle une perruque sur la tête. Si ça doit tomber, ça tombera et je porterai un turban. J'ai déjà fait un stock de foulards de toutes les couleurs pour les assortir à mes tenues. Je me suis entraînée à les mettre; tout va bien. Au fond, je trouve que ce serait une expérience amusante. Quelle forme à mon crâne ? Rond et lisse ou bien tout cabossé ? Après tout, je n'aurais jamais eu l'idée de me faire tondre pour avoir la réponse. Et puis, je vais être plus chauve que mon beau-frère. Rigolo !


Je suis à quelques jours de la deuxième séance. En effet, je perds mes cheveux par poignée. Le plus désagréable est le plan : je me réveille et lorsque je me retourne sur mon oreiller, je me retrouve le nez dans une poignée de cheveux. Là, c'est un peu dur moralement, j'avoue. Mais encore une fois, j'avance. Les infirmières insistent pour que je remette le casque lors de la deuxième chimio. Au moment du changement (tout les demi-heures) j'y renonce. Et le vendredi, je vais chez le coiffeur me faire raser la tête. J'y vais avec une amie pour la séance photos. Je m'éclate et je ressors de là avec une pêche d'enfer.


La déprime !!!

C'est parti

On y est presque.


                  
Et voilà.

J'ai gagné !!!

Les séances de chimiothérapie se suivent mais leurs effets secondaires ne se ressemblent pas. Globalement, je trouve que tout se passe très bien.


Finalement, ce qui m'embête plus, c'est cette fichue douleur qu'en l'occurrence je ne peux pas ignorer. Après avoir ingurgiter quantité de médicaments (!!!) je finis par consulter. Histoire de donner un peu de piment à ce séjour parisien, je finirai sur la table d'opération une semaine avant ma dernière chimio.


Je finis donc en apothéose. Opération le 22 novembre, dernière chimio le 1er décembre et douze heures d'avion avec 9 heures de décalage horaire le 4 décembre.


Je ne comprends pas pourquoi, mais je suis rincée pendant trois semaines !!!


Yiha