lundi 21 mars 2011

Pourquoi un cancer


A tort ou à raison, il m'a toujours semblé que nous ne développions pas un cancer par hasard. Certes, certains facteurs extérieurs entrent en ligne de compte mais je reste convaincue que cela ne suffit pas.

J'ai eu dans mon entourage des personnes qui, à mes yeux, développaient un cancer comme si c'était un appel à l'amour. Ne se sentant pas reconnues et aimées pour ce qu'elles étaient, elles ont ainsi appelé l'attention de leurs proches. C'est un constat et non un jugement de valeur. Nous sommes des êtres complexes s'il en est et nous ne sommes pas fournis avec un mode d'emploi comportant la page "que faire en cas de panne".

Ce principe étant posé, et sortant moi-même d'un traitement contre le cancer, je me retourne la question. Pourquoi ai-je laissé, certes inconsciemment, des cellules cancéreuses se développer ?

Primo, parce que, sous prétexte d'antécédents familiaux, j'étais intimement convaincue que, vers 40 ans, j'aurais un cancer du sein.  Bingo, c'est fait. Comme ça, un, je peux cocher la case, deux, je peux dire "j'avais raison". Quelle satisfaction ! (tu parles d'une couillonnade!)

Bon, c'est un peu léger comme explication. Alors j'ai décidé de creuser, histoire de trouver le deuxio.

Je sors aujourd'hui de sept mois de galère. Tant que j'ai été dans le tourbillon, je me suis attelée à avancer et à rien d'autre. Je n'ai eu de cesse de dire que je n'avais pas été malade. Et pour cause, le cancer a été détecté extrêmement tôt. Pourtant, à l'heure actuelle, j'envisage les choses autrement.

Je ne me suis pas sentie malade, certes, mais je ne peux pas dire que je n'ai pas été malade. Que je le veuille ou non, le cancer était bel et bien là, et si rien n'avait été fait, dans quelques années j'en serai morte.

En clair, maintenant que le plus dur est passé, je me dis que j'ai failli y passer. Il m'aura fallu du temps. Bourrique !

La question reste : pourquoi ai-je laissé la mort venir ?

Je ne pense pas avoir ainsi voulu lancer un appel à plus d'amour de la part des autres. Mais cet appel, c'est à moi que je l'ai lancé. Car jusqu'à présent, je ne peux pas dire que je me sois beaucoup aimée. En fait, je ne me suis vraiment pas laissé de place.

En effet, j'ai le sentiment d'avoir plus souvent fait les choses pour satisfaire les désirs d'autrui ou pour satisfaire les convenances. En fait, l'empreinte  laissé par nos parents est terrible. Je me suis retrouvé étouffée par les convenances et finalement, je n'ai pas eu mon mot à dire sur mes choix et mes orientations. Ont-ils cherché à savoir qui j'étais pour m'aider à m'épanouir dans une voie plutôt que dans une autre ? Non. Quant à moi, j'ai pris pour argent comptant que "je ne ferai même pas polytechnique chiens", phrase que l'on m'a serinée pendant longtemps. Bref, comme on m'a bien fait comprendre que j'étais nulle, c'est restée un postulat. Bonne chance pour le développement personnel après ça !!!

Le fait d'avoir échappé au pire fait que je veux changer cela. Je souhaite arrêter de me mettre des bâtons dans les roues. Arrêter de m'empêcher de faire les choses sous prétexte de complexes absurdes. Et surtout, surtout, je veux profiter de la vie et me faire plaisir. Car, il m'aura fallu 40 ans pour le comprendre pleinement : on n'a qu'une vie. Cette phrase simple que j'ai certainement employée mille fois, comme tout le monde, vient de prendre tout son sens.

J'ai failli laissé la mort s'installer, peut-être parce qu'une part de moi n'était jamais née. Je souhaite donc la bienvenue à cette nouvelle Muriel qui va s'aimer, s'écouter et se faire plaisir.

Yiha

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