dimanche 10 juillet 2011

Billet d'humeur : petits bonheurs

En ce dimanche matin, il m'a fallu m'extirper de mon lit à 5h30 afin d'emmener l'homme de ma vie à l'aéroport. Après de courtes retrouvailles de douze jours, nous voici de nouveau séparés par 10 000 km pour un mois. Mais ce n'est qu'une séparation physique... il y a en a qui vivent côte à côte mais qui n'en demeurent pas moins séparés par l'esprit et le cœur.

A mon retour, je me suis installée dans le jardin afin de lire. C'est bon le calme d'une ville un dimanche matin de juillet; une ambiance propice à la lecture. Cependant, je me suis interrompue de nombreuses fois, jusqu'à refermer mon livre. Non que celui-ci fut inintéressant, loin de là.

Mon regard, à moins que ce ne fut d'abord mon ouïe, a été attiré par le ballet d'oiseaux que je n'avais plus vus depuis des années. Etait-ce de l'inattention ou leur réelle raréfaction ? Il s'agissait d'hirondelles. Je suis extrêmement mauvaise en ornithologie, mais j'adore les hirondelles. Toujours est-il que j'ai ainsi bénéficié d'un grand moment de plénitude. J'ai fini par me caler la tête vers le ciel afin d'observer leur course poursuite, d'observer la manière qu'elles avaient d'éviter le mur de la maison au dernier moment, de les écouter piailler. Il y en avait qui, par groupe de deux ou trois, se coursaient; il y avait celles qui volaient "seules"; celles qui descendaient faire du rase-mottes et celles qui étaient très haut. Puis elles allaient plus loin et disparaissaient de mon champs de vision pour revenir quelques minutes après. Il devait y en avoir une petite centaine mais on était loin du vol ordonné de la migration.

Dans le même temps, j'entendais la chouette qui hululait dans son arbre derrière moi, les abeilles qui venaient butiner les fleurs à mes pieds, un rouge-gorge dont j'ai miraculeusement reconnu l'appel (merci à ceux qui sont venus nidifier plusieurs années de suite sur notre balcon lorsque j'étais enfant, sinon, j'aurais séché !). Et pour clore le tableau, il y avait bien sûr les hirondelles, descendantes des celles que mon beau-frère avait dans le jardin et qu'il a relâchées lorsqu'il a lui-même quitté le nid familial.

Je suis heureuse donc d'avoir dû me lever si tôt en ce dimanche matin sans quoi j'aurais loupé cet agréable moment au cours duquel je me suis fait la réflexion suivante : le calme existe mais le vrai silence est beaucoup plus rare. Et quand on le rencontre, il est plutôt angoissant car il est synonyme de mort.

Le propre de l'homme est de penser et la pensée humaine ne s'arrête jamais. Nous avons donc un "bruit" permanent dans la tête qui est assourdissant. Seule la méditation peut permettre d'accéder à un peu de calme dans ce tourbillon. Et je me suis demandé si l'activité humaine, citadine, qui est devenue si bruyante, n'avait pas pour but, ou eu pour but à un moment donné, et de façon inconsciente, de couvrir ce bruit interne. Ça ne couvre rien, ça s'additionne... La belle affaire, et en plus ça couvre les bruits de la nature, ce qui nous empêche de nous souvenir que nous sommes un tout avec elle. Nous avons tenté de vivre en électrons libres et nous avons tenté de diriger la nature, de la transformer selon nos désirs comme si elle était un élément extérieur à nous-mêmes; productions intensives tant dans la culture que dans l'élevage; plantations hors-sol; fruits rouges en hiver; organismes génétiquement modifiés et j'en passe. Ils sont fous ces humains ! Nous avons juste oublié que la nature nous nourrit et qu'à notre tour, un jour nous la nourrirons. Et c'est beau de voir l'émergence d'une conscience collective à ce sujet sur notre planète !

Yiha !