samedi 21 mars 2015

Suprématie du paraître

Il y a quelques temps, un ami rapportait sur facebook avoir entendu une édifiante conversation entre une mère et trois jeunes-femmes d'une vingtaine d'années. Ce petit monde n'étant pas novice en la matière, discutait vraisemblablement de chirurgie esthétique, Botox etc... Enfermées dans leur superficialité et leur vanité, elles avaient au passage oublié la plus élémentaire des politesses. Que du bonheur !

Chose amusante (ou non), j'avais vu quelques jours plus tôt un spectacle qui m'avait édifiée. Deux jeunes-femmes au restaurant, assises l'une en face de l'autre, chacune le nez sur son portable. Déjà, ça commençait bien, bonjour l'ambiance. Elles devaient avoir 25 ou 26 ans. Celle assise en biais par rapport à moi, avait assurément déjà bénéficié de quelques retouches et se cachait derrière une sacrée couche de maquillage. Quant à son vis-à-vis, c'était l'apothéose. Elle s'était tellement fait refaire le visage que c'en était devenu un masque figé, sans expression, sans âge. Il va sans dire que de surcroit elle était anorexique. Et comme dirait mon copain, elle était enfermée dans sa vanité et le regard qu'elle portait sur autrui était empli d'un dédain sans fond. J'ai eu pitié d'elle. Faut-il être malheureuse au fond, et coupée de valeurs fortes...

Cela m'a ramenée quelques années en arrière. J'étais adolescente et je confesse avoir eu recours à la chirurgie esthétique. Si, si. Lorsque le chirurgien nous a reçues ma mère et moi, il était sur le point de nous virer avec un coup de pied dans les fesses mais a daigné m'examiner. Il a changé de tête et d'avis en voyant l'ampleur des dégâts. Bref, à cette occasion, je me suis retrouvée à la clinique dans une chambre à trois.

A ma droite, une femme d'une quarantaine d'années (une vieille, ha ha ha) qui, après s'être fait poser des implants mammaires un an plus tôt, ne s'y était jamais faite, et était là pour les faire retirer. Première leçon. Lorsque le "rêve" d'un changement esthétique devient réalité, il n'est pas sûr que l'on s'y retrouve. Encore une chance pour elle, on peut retirer des implants mammaires mais lorsqu'il s'agit d'un menton refait, c'est une autre histoire.

A ma gauche, une jeune-femme de 22 ans. Elle était là pour se faire refaire le nez, me semble-t-il. Nous discutons et de fil en aiguille j'apprends qu'elle s'était déjà fait opérer des cuisses, des oreilles, des lèvres, des paupières et du menton. Cherchez l'erreur, elle avait les cheveux décolorés. Cette pauvre fille se détestait à un point inimaginable. A l'entendre, son père voulait un fils et du coup elle ne s'était jamais acceptée. Je lui demande de me montrer une photo d'elle avant. Du haut de mes 17 ans, j'ai eu le choc de ma vie. J'y ai vu une jolie brunette pétillante, avec un beau visage expressif. Qu'avait-elle fait ? Oui, elle était devenue un masque de cire, comme cette jeune-femme croisée l'autre jour. Cela m'a fait prendre en horreur la chirurgie esthétique pure et dure.

Depuis que je suis à Los Angeles, je suis servie pour le concours des horreurs. Lorsqu'il s'agit de vieilles dames, avec leurs énormes faux seins, leur nez en trompette trop fin, leur lifting, leurs lèvres gonflées à outrance, assortis de cheveux trop teints ou décolorés, ça fait mal. Mais lorsqu'il s'agit de jeunes-femmes, c'est simplement désespérant.

L'expansion de la chirurgie esthétique est due aux progrès de la chirurgie réparatrice. Vous imaginez l'impact et le miracle, après la guerre de 14/18, de pouvoir rendre un visage aux "gueules cassées". C'était fantastique ! Mais comme toujours, il a fallu que nous trouvions une dérive. 

A l'époque où on rendait un visage aux "gueules cassées"

Certes, les femmes (bien plus que les hommes), ont toujours cherché à ralentir les effets du temps qui passe sur leur joli minois. Tant qu'il s'est agi de se faire des masques au concombre, de se tartiner le visage de miel, d'arracher ses premiers cheveux blancs, je pense qu'on restait dans le domaine du raisonnable et d'une gentille coquetterie. Or depuis le développement de notre actuelle chirurgie esthétique, la demande va croissante. C'est terrifiant. Comment expliquer ce besoin maladif qui fait que les candidates au bistouri ne se rendent pas compte qu'elles s'enlaidissent au lieu de s'embellir ?


Quand, par peur de vieillir, et qu'on se laisse défigurer.

Que c'est beau un regard malicieux et pétillant dans un visage marqué par les rides du rire et du sourire. Tellement plus beau qu'un regard figé au milieu d'une peau trop tendue, dont on a gommé toute trace de vie.

Bon, si jamais me prenait la folle idée d'un lifting dans 25 ans, vous me ressortirez mon texte. D'ici là, je vais rire et sourire le plus possible pour ressembler à ces femmes que je trouve, même très âgées et même très ridées, irrésistibles !!!


Yihah !

jeudi 12 mars 2015

Vive le "progrès"

Qu'il est bon d'entendre le chant des oiseaux qui piaillent et qui, sait-on jamais, communiquent. Qu'elle est douce la musique de l'eau de la cascade, de l'eau qui coule dans le ruisseau et se heurte aux rochers. Que dire du bruit des vagues qui viennent se fracasser sur les rochers ou se briser sur la plage ? Et le vent dans les feuilles qui caresse nos oreilles ? Et que dire du grand chef d'orchestre qu'est le silence ? Sans lui, nous ne serions pas capables d'entendre toutes ces nuances. Monde de dualité : sans silence point de son.

Nous devrions être bercés des milles sons offerts par la nature. Le lapin qui saute sur la neige ; la baleine qui lance son chant ; le cerf qui brâme ; la poule qui caquette ; le tonnerre qui gronde et que sais-je encore.

Depuis quelques jours, mon ouïe me dérange. Le bruit du marteau-piqueur dans la rue d'à côté ; les sirènes qui font florès à Los Angeles ; la réfection de l'appartement voisin ; le rotofil auquel succède la souffleuse à feuilles à laquelle succède la tondeuse. Sans compter les bruits d'hélicoptère, les voitures, les coups de klaxon...


C'est donc ça la civilisation et le progrès ?

On a mis le temps, mais on a fini par développer des voitures silencieuses et non polluantes. (Merci Tesla). Est-ce qu'on ne pourrait pas se pencher sur tous ces engins du quotidien pour les rendre plus silencieux ? Bon, sinon, la solution c'est un retour en arrière avec la faux et la charrue à boeufs. C'est peut-être un peu excessif. Mais franchement, cette pollution sonore est aussi intolérable que la pollution de l'air.

Quand je pense que dans mon enfance, je détestais la pêche à la mouche avec mon père ; ces heures silencieuses passées au bord de la rivière pour pêcher la truite. Que je donnerais cher pour ces moments de silence en communion avec la nature.

Je dois être une vieille réac !


Yihah !