vendredi 6 mai 2011

Il était une fois



Je suis élève en seconde dans une école catholique de filles, Blanche de Castille (eh oui, personne n'est parfait). Bien décidée à passer un bac en économie, je décide d'apprendre la japonais. Choix à priori judicieux dans les années 80. Les cours ont lieu tard le soir, dans l'école d'en face… l'école catho des garçons, Saint Jean de Béthune.

La mixité n'a pas encore pénétré ce type d'établissement, mais ça ne saurait tarder. Pour l'instant, nous avons nos hauts lieux de rencontre. Le café voisin, "chez Cam", où nous allons manger un croque à midi ou prendre un café le matin, ou encore les bancs de la place La Boulaye… où bien sûr, nous nous asseyons sur les dossiers, nos pieds reposant sur l'assise ! Quel cliché !

Alors que je déjeune chez Cam avec des amies, un jeune type bien sûr de lui, vient faire sa pub pour la pièce de théâtre qu'il met en scène à Saint Jean. Il va remettre ça les jours suivants. Au premier abord, son côté prétentieux me tape sur le système…

Je vais donc suivre mes cours de japonais à Saint Jean. Notre prof, Japonais, enseigne habituellement à des étudiants de Science Po et découvre ce que sont des élèves de 16 ans, immatures, et qui pour la plupart viennent là en dilettantes. Nous sommes deux à nous intéresser vraiment au cours, mais il semblerait que mes questions agacent le prof. Bref, je prends la mouche et finis par aller à reculons à ses cours.

Tant et si bien, qu'au lieu de longer sagement le théâtre et de grimper quatre à quatre les escaliers vers la salle de cours, je finis par prendre l'habitude de m'arrêter au théâtre pour assister aux répétitions de la pièce. Du temps a passé; je suis en première et la représentation de la pièce dont l'autre arrogant faisait la promo a déjà eu lieu. Cette fois, il met en scène le Dindon de Feydeau. Je suis vite devenue souffleur des jeunes comédiens en herbe. Tout cela est beaucoup plus amusant et grisant que des cours de japonais !!!

Qui plus est, il y a parmi les acteurs un beau blondinet aux yeux bleus qui ne me laisse pas indifférente. Ah, dilemme ! Le côté prétentieux du metteur en scène, brun aux yeux noirs, me semble être une façade qui cache une personnalité bien différente, et je m'y intéresserais bien de plus près. Entre les deux mon cœur balance.

La représentation approche. Une campagne d'affichage nocturne est organisée un samedi soir. Je me propose bien évidemment. Après ça, nous irons dormir chez le metteur en scène qui habite un studio attenant à l'appartement de ses parents. Enfin, dormir est un bien grand mot, nous passons la nuit à refaire le monde. Quant à moi, j'ai craqué pour le brun aux yeux noirs… qui me larguera trois jours plus tard !!!

Pas grave. Je suis bonne joueuse et nous restons très amis. Je suis raide dingue amoureuse et suis sûre et certaine que c'est réciproque mais qu'il ne veut pas se l'avouer. Patience, ma fille, patience. Nous nous voyons régulièrement, nous téléphonons beaucoup et nous écrivons pendant les vacances scolaires. Vous connaissez beaucoup de garçons de 17 ans qui écrivent ainsi à une simple amie ? Mouais, bof.

Et c'est amusant, pour quelqu'un qui n'a soi-disant pas de mémoire, je retiens dans les moindres détails chaque petit événement qui tend à prouver qu'il m'aime. Nous sommes en mai, la représentation a été un succès (et une surprise pour les parents du metteur en scène qui ont retrouvé leur salon sur scène !!!) et le bac de Français approche. Nous sommes très exactement le 5 mai 1987 et nous avons rendez-vous. Coup de téléphone. Monsieur est malade. Exit le rendez-vous. Comme d'habitude, nous allons passer une heure au téléphone, au moins ! C'est incroyable cette faculté de se voir quasi tous les jours et de pouvoir passer en plus des heures au téléphone avec les copains. Pas étonnant que nos parents piquaient des crises !

Bref, il me dit tout à coup "j'ai quelque chose à te dire". Ha, ha ! Je te tiens ! Un grand sourire se dessine sur mon visage et je lui rétorque que je crois savoir ce que c'est mais que j'attends (avec impatience, mais ça je le garde pour moi) qu'il me le dise. Bingo, gagné… il me déclare sa flamme !

Quelques temps après, je vais faire le grand saut… Et en remerciement, deux semaines plus tard, je suis cocue avec une saleté de Myriam, que je trouve moche (bien sûr) et vulgaire. Une petite mise au point s'impose. Tout rentre dans l'ordre.

L'été se passe. Je travaille en juillet pour payer mes vacances aux Etats-Unis où je pars retrouver une amie expatriée. De son côté, il va aussi aux Etats-Unis en séjour linguistique puis finit ses vacances en famille en Espagne. Bref, ces deux mois de séparation nous semblent une éternité.

Nous avons eu chacun un gros chagrin d'amour qui nous rend méfiants. Je refuse de faire des plans sur la comète. L'idée de projeter quoique ce soit, même sur trois mois m'est impossible. Et quand par hasard, il s'y aventure, je calme ses ardeurs.

Voilà. C'était il y a 24 ans… et nous avons fêté hier nos 19 ans de mariage !

Bon anniversaire mon cœur.

Je vous rassure, ce n'est plus un arrogant prétentieux. J'avais raison, cette façade cachait un être bien plus intéressant ! Il faut bien que jeunesse se passe !!!

Yiha !

mardi 3 mai 2011

Billet d'humeur : une matinée radieuse

Chaque nouvelle journée qui commence est une joie et un espoir en soi. Mais il faut reconnaître que certaines sont plus réussies, plus positives que d'autres. Et il est vrai que l'état d'esprit dans lequel on démarre le matin influence la suite. Bon, parfois, on se réveille avec un état d'esprit positif mais la mauvaise humeur d'autrui, sans être forcément contagieuse, peut vous mettre du plomb dans l'aile.

Je ne sais pas vous, mais personnellement, mes réveils d'adolescente ressemblaient fort à ceux d'un ours mal léché ! La règle établie était donc de ne pas m'adresser la parole et tout se passait… au mieux dirons-nous.  Il faut reconnaître que le temps passé en commun le matin était réduit à une peau de chagrin. Je me réveillais par moi-même, ne prenait pas de petit-déjeuner (quelle funeste erreur !), me préparais et partais en cours. Bref, une parfaite autonomie qui laissait la possibilité aux adultes de m'éviter !!!

Il y a bien longtemps que je ne suis plus une ado mais j'ai le bonheur d'être mère d'une ado ! Bon, en bonne précoce, elle me fait sa crise d'ado plus tôt que les autres et dans un pays où le mot "autonomie" n'a guère de place. Histoire d'éviter tout malentendu, je demande la veille à quelle heure je dois venir la réveiller. Non qu'elle ne pourrait le faire toute seule, mais avec les boules Quiès, le réveil sonne souvent dans le vide. A l'heure dite, j'arrive à pas de loups avec le petit déjeuner fin prêt. En effet, depuis que la Chups a un an, tant qu'elle a l'estomac vide, c'est un monstre. Je la réveille tout en douceur ne sachant jamais quel sera le résultat. La veille encore, je me suis assurée que le menu de la lunch box lui convenait. Mieux vaut éviter les questions le matin au réveil ! Et après il faut gérer le fait de partir à l'heure… car ici, pas question d'aller seule à l'école. Je reconnais que ça ne se passe pas trop mal dans l'ensemble.

Mais ce matin, ça n'a été que du bonheur ! Réveillée et levée à l'heure, souriante pour son petit-déjeuner, et faisant des efforts avec le sourire pour être à l'heure. Un grand merci à la Chups ! J'en veux des comme ça tous les jours !!!

Voici donc une journée qui démarrait de la meilleure façon. Il fallait que cela continue.

N'ayant pas à aller jusqu'à l'école mais seulement à déposer la Chups pour le covoiturage, j'étais de retour pour finir mon café à 7h45. Moment de détente sur le balcon, sous le soleil (pas encore trop chaud) : écouter les oiseaux, observer les écureuils, admirer le ciel bleu; une merveilleuse façon d'entamer sa journée.

Il est prévu une température de 30°C (à l'heure où j'écris, il en fait déjà 32), donc il est préférable de s'activer de bonne heure. Alors à l'attaque… Retrait des draps, descente dans la salle des machines, mise en route du lavage. Et de un ! Retrait des vêtements pour enfilage de maillot de bain. 25 minutes plus tard, j'ai fini mes 40 longueurs. Et de deux ! Il est 9h00. Douche. Et de trois ! Redescente dans la salle des machines; mise en route du séchoir. Et de quatre ! Prendre la voiture et aller chez Costco. Alors là j'ouvre une parenthèse pour ceux qui ne connaissent pas.

Costco est une chaîne de magasins, je devrais même dire d'entrepôts géants, où vous trouvez de tout dans des quantités gargantuesques. Pour y entrer, vous devez être membre, et selon votre cotisation, vous pouvez arriver à l'ouverture (10h00) ou une heure après. J'étais donc garée à 9h45. Et comme à chaque fois, j'ai eu droit à cette scène merveilleuse : les gens sont là, agglutinés devant la grille, caddie en mains, prêts à foncer. J'attends toujours le coup de pistolet donnant le départ mais ça n'est pas encore arrivé. Je trouve ça très amusant. Où est le stress puisque, un, nous ne sommes pas 150; deux, étant donnée la taille du magasin, ce ne sera pas la bousculade à l'intérieur, et trois, il y en aura pour tout le monde !!!

Bien, je ferme la parenthèse. Donc prendre la voiture pour aller chez Costco, faire les courses. Et de cinq ! Attraper les draps secs au passage, ranger les courses et refaire le lit. Et de six ! Et voilà, il est 10h45 !

Et là, je dis bravo ma fille. Tu as toute la journée devant toi pour écrire, lire, t'occuper de tes amis.

Vive les journées qui commencent bien !

Yiha !