mardi 30 août 2016

Voyage de Kigali à Queen Elizabeth Park (Ouganda)

En route pour un petit safari photo de 6 jours au Queen Elizabeth Park en Ouganda !

Après quelques investigations sur Internet pour recenser les hôtels au bord d'un lac afin de satisfaire mon colocataire, puis quelque temps passé au téléphone pour obtenir les tarifs, j'ai fini par trouver un hôtel avec cinq nuits d'affilé disponibles... Je n'avais guère envie de changer de lieu toutes les cinq minutes. En route donc vers le Jacana Safari Lodge. Temps prévu : 5 heures de route, 1 heure à la frontière plus 1 heure de décalage horaire. Départ à 13h, arrivée prévue à 20h, heure locale.


La frontière : fini le macadam, route en terre, des camions et véhicules de toutes sortes, partout... un gros bazar. Un jeune-homme nous aborde pour que nous fassions une extension d'assurance. Dans un premier temps, il nous guide (ce n'est pas un luxe).

Côté rwandais : premier guichet pour les passeports. RAS. Deuxième guichet : présentation de mon passeport et de la carte jaune du véhicule (équivalent de notre carte grise). J'ai acheté ma voiture il y a 9 mois à un ami mais nous n'avons toujours pas fait le changement de nom. Je sens les problèmes poindre. Subitement, mon anglais s'est comme volatilisé au mot "procuration" ! Là, je me suis tournée avec un regard désespéré vers mon colocataire resté en retrait ; je connais les prouesses de négociation et de persuasion dont il est capable. En plus, ce n'est pas un muzungu (blanc) et il parle kinyarwanda. Ouf, ça passe.

On reprend la voiture pour s'arrêter plus loin : on me délivre le papier magique qui me permettra de sortir la voiture grâce au premier papier magique délivré juste avant. Passage par le bureau de l'assureur.

On reprend la voiture pour s'arrêter plus loin ; douanes ougandaises. Premier guichet (dans un bâtiment cette fois) pour les passeports, RAS. En sortant, une queue monstrueuse... On a eu de la chance. Deuxième guichet sur le côté de la maison pour la voiture. Petite pièce en bois. Trois femmes qui papotent ; c'est le dernier salon où l'on cause. Derrière le guichet, en bois lui aussi, un officier de police. Devant lui des registres posés dans tous les sens. Au sommet, le registre qu'il utilise repose à droite et à gauche sur les autres cahiers. Bref, il est dans un vaste équilibre. L'homme prend tout son temps pour tracer les lignes verticales des colonnes qu'il remplira ultérieurement. Ne pas s'impatienter, surtout ne pas s'impatienter. Passeport, carte jaune, papier magique, remplissage des colonnes. Ouf, c'est fini.



Moto du policier Ougandais

Quelques centaines de mètres après la frontière, mon passager me demande si j'ai bien l'itinéraire. Je l'ai regardé des dizaines de fois et jusqu'à cette seconde je me sentais sûre de moi. Mais je m'aperçois que si le chemin est gravé dans ma mémoire, je n'ai pas été fichue de retenir le nom des villes clés. Pour le moins penaude, je sors mon téléphone et regarde Google Maps. Nous notons le nom des villes. Je découvrirai ultérieurement que même sans Internet, Google Maps vous laisse voir le joli point bleu qui vous situe en temps réel sur la carte (merci Big Brother !).

J'aime conduire, j'adore ça même. Mais ma vue me rend les choses difficiles de nuit, alors sur des routes sans éclairage, avec des piétons sur le bas côté, des vélos non éclairés et des motos qui roulent plein phare, ça devient juste impossible. Je passe donc le volant à mon colocataire dès que nous sommes entre chiens et loups. Il nous reste moins de cinquante kilomètres pour atteindre le petit chemin qui mène à l'hôtel. La fin de la route est pénible : elle est vraiment dans un sale état et les Ougandais roulent vite, très vite. Nous finissons par trouver le panneau de bois qui nous indique le petit chemin. D'une petite voix timide je glisse à mon chauffeur que le chemin serait sans doute un peu long : en suivant notre progression sur Google Maps, je me suis aperçu que le petit chemin était en fait fort long !

Nous entamons notre progression vers 20h15. Il fait nuit noire. Nous roulons doucement. Tout à coup nous voyons passer dans le halo des phares un lion. Wouaouh. Puis ce sont trois éléphants qui sont juste à notre droite. Quel accueil ! Il ne faudrait peut-être pas tomber en panne par ici la nuit.

Je repère quelques habitations traditionnelles qui bordent le chemin à droite. Une petite lampe s'approche. Le Jacana est plus loin. C'est reparti. Le chemin devient plus étroit. Puis deux options possibles : tourner à gauche ou continuer vers la droite. Nous prenons la seconde option. Le chemin devient pentu et encore plus étroit. La végétation change. Nous ne sommes plus dans la savane mais dans une forêt dense. Quelques magnifiques trous nous obligent à rouler à la vitesse de l'escargot. Et tout à coup, un petit carré déblayé, une maison en dur sur la gauche et une barrière fermée face à nous. Une moto, que nous avions croisée dans l'autre sens, revient, chargée de ses trois passagers. Elle ne ralentit pas et passe à gauche de la barrière. Et nous alors ? Nous attendons toujours. Rien ne se passe. Petits coups de klaxon timides. Le lieu est impressionnant ; pas question de sortir du véhicule et de crier "Coucou, on est là, y a quelqu'un ?" Je cherche dans mon courriel de réservation un numéro de téléphone. J'en trouve deux pour les "after hours". Le réseau est là quelques secondes puis disparait. Quand je peux, je téléphone. Le premier numéro ne répond pas. J'essaie le second. On décroche. Quel soulagement ! C'est un faux numéro !!! Alors là, c'est le pompon. Ça fait vingt minutes que nous attendons, nous sommes affamés, fatigués et ne comprenons toujours pas ce que fait cette satanée barrière au milieu de nulle part. Il est 21h15.

Demi-tour. A la bifurcation, nous prenons l'option délaissée plus tôt. Nous longeons des champs de caféiers et arrivons dans un village. C'est vendredi soir. Nous essayons de nous renseigner auprès de gens assis devant leur maison. Chou blanc, ils ne comprennent pas l'anglais. Nous avançons encore un peu. Un type sort d'un bar pour nous aider. Il doit être le seul du village à parler anglais. Seul bémol, il est bourré comme un coing ! Nous arrivons à comprendre que nous étions au bon endroit, ce qui ne nous donne pas la solution pour faire ouvrir la barrière ! Le type est comme un disque rayé et ne nous avance guère. Nous faisons demi-tour. Nous faisons quelques mètres avant de nous arrêter à hauteur d'une moto qui vient d'arriver. Notre anglophone bourré nous a rejoints ainsi que la moitié du village. Nous proposons au motard de nous accompagner jusqu'à la barrière qu'il franchirait ensuite pour avertir l'hôtel de notre arrivée. Le tout moyennant finance bien sûr. Il refuse. On n'est pas dans la mouise. Puis coup de théâtre : il dit avoir le numéro de téléphone d'un des responsables de l'hôtel. Nous sommes prêts à le payer pour qu'il l'appelle. Il refuse, mais nous donne le numéro. Le réseau continue de jouer à cache-cache. Enfin, je peux téléphoner ! Deuxième miracle, on décroche ! Avec l'essaim d'humains autour de la voiture, je n'entends rien. Un peu stressée, je leur hurle un grand coup de la boucler et je ferme les fenêtres. L'homme savait que nous devions arriver, me dit qu'il téléphone et s'occupe de tout. Je n'ai pas eu le temps de faire ouf qu'il a raccroché. On doit y retourner à cette barrière ou pas ? Bien sûr quand j'essaie de rappeler, la ligne est occupée. Je finis par le joindre de nouveau : oui, nous devons aller à la barrière, on nous attend.

Et c'est reparti. A l'arrivée, un militaire en arme et une femme qui s'excuse, il était tard, je n'ai rien entendu. Je sens le maître zen qui m'accompagne quelque peu énervé quand même ! Et nous comprenons enfin cette barrière : c'est une entrée du parc, un peu intimiste certes, puisqu'elle ne dessert que notre hôtel. Nous règlerons l'entrée dans le parc demain. Le militaire lève la barrière.

Nous voici enfin arrivés. Il est 22h30. Nous sommes accueillis avec un bon jus de fruits frais. Le restaurant et salon est fait de rondins, c'est une belle avancée couverte et aérée qui donne sur le lac. Malgré l'heure plus que tardive on nous présente le menu et on nous mène à notre table. On nous explique également qu'exceptionnellement le groupe électrogène sera éteint à 23h30.

Le dîner bien mérité et fort bon achevé, on nous mène au bungalow. Le lieu est spacieux et joliment décoré.

L'heure de la douche tant attendue... Bonheur. J'allume le robinet, une belle fuite jaillit sur le côté du robinet, je n'arrive pas à avoir d'eau chaude. Pas grave, c'est trop bon de se laver. Dernière surprise : impossible de fermer le robinet !!! Il faut aller chercher le gardien de nuit. Il coupe l'arrivée d'eau, ce sera réparé le lendemain.

Quelle journée ! Il est temps de dormir. Heureusement, j'ai des bouchons d'oreille : il y a des centaines de grenouilles qui coassent...


Yihah !

mercredi 14 octobre 2015

Vous avez dit humanité ?

Aujourd'hui, retour à la raison d'être de ce blog. On oublie pour un temps la série des Muriel déménage, Muriel prend l'avion et Muriel à Kigali. Place à un billet d'humeur, un vrai.

Alors que nous sommes en route pour raccompagner une amie chez elle, le portable de mon coloc sonne. Il décroche, sa tête s'allonge, il s'arrête sur le côté de la rue. Pas la peine de parler Kirundi pour comprendre qu'il se passe quelque chose de grave. Puis il repart et me dit "Tu connais Christophe ? Il était caméraman sur les Visages du Burundi. ... On vient de le tuer chez lui." Silence. "Sa femme et ses enfants aussi".

Je reste muette. Que faire, que dire face à l'horreur absolue ? Rien. Il n'y a pas de mot. Ils sont vains, ils sont creux. Je pose simplement ma main sur son avant-bras pour dire... Pour dire quoi ? Que je suis horrifiée, que mon sang s'est glacé dans mes veines, que je suis là, que je suis emplie de compassion. Mais aussi que j'ai envie de hurler, que je me sens impuissante et inutile face à toutes les atrocités qui ont cours en ce bas-monde.

Nous déposons notre amie chez elle et repartons. Je lui demande le nom de famille de Christophe. "Tu ne le retiendras pas". "Pas besoin de le retenir". Il me le dit et je fais la seule chose que je puisse faire. Je prie pour que son âme et celles des siens partent vite dans la Lumière, pour que, prises par surprise, elles ne restent pas entre deux mondes. Je prie pour que toutes les âmes de ces gens morts sans raison s'unissent et envoient de la Lumière depuis là-haut pour que tout cela cesse.

Morts sans raison. Lorsqu'un humain meurt de la main d'un autre humain, il meurt sans raison. Tue-t-on au nom d'un différent d'opinion ? Tue-t-on pour garder un pseudo pouvoir, bien humain et qui ne rime pas à grand-chose ? Tue-t-on parce qu'on estime que la terre occupée par un humain est sienne ? Tue-t-on au prétexte que son voisin croit en un Dieu qu'il appelle Dieu alors qu'on appelle le même Dieu Allah ? (ou inversement). Tue-t-on parce que l'on croit que notre voisin est différent de nous ?

Et bien oui, nous sommes suffisamment déments, coupés de notre humanité pour tuer pour toutes ces "raisons". Et ça fait des siècles que ça dure. Et nous nous pensons une espèce supérieure...

Comment peut-on humainement aller, sur ordre, tuer de sang froid un homme chez lui et sa famille au prétexte qu'il a une opinion qui ne cadre pas avec la vôtre ? Une famille qui ne demandait qu'à vivre et à voir de nouveau la paix régner sur son pays ?

Combien sont-ils de par le monde à mourir ainsi ?

En ces temps de grand changement nous assistons à un combat entre les Ténèbres et la Lumière et nous avons l'impression que les Ténèbres sont plus fortes que la Lumière. Nos média font du reste tout pour que ce soit ce qui ressorte. Plus la Lumière prend de vigueur, plus les Ténèbres se battent pour gagner.

Alors, disons oui à la Lumière et non aux Ténèbres. Notre seule arme est, chaque jour, à notre échelle, de donner de l'Amour, d'être dans la compassion (pas dans la pitié), d'éviter de juger notre voisin, d'être dans la gratitude et le pardon (pas le plus facile !). Cessons d'alimenter les pensées négatives et les petites haines du quotidien qui vont alimenter des égrégores négatifs. Les petits cours d'eau donnent les grandes rivières puis les océans.

Croyons-y et unissons-nous. Nous ne sommes qu'un de toute façon.

A bon entendeur, salut.


Yihah !

lundi 12 octobre 2015

C'est parti !

Ma décision est prise : je pars au Rwanda. Suis-je prête ?

- Vaccins obligatoires, check.
- Visa, check.
- Location d'une maison à Kigali, check.
- Visite chez le vétérinaire, check.
- Billet d'avion, check.

Bon, et bien, c'est parti !

Décollage prévu à 8h30 en ce jeudi 1er octobre. Direction Bruxelles. Puis départ de Bruxelles à 10h30 pour arriver à 18h35 à Kigali. Trop contente. Le réveil aux aurores est un peu dur, mais c'est pour la bonne cause...

5h45, j'attrape Doushka pour la mettre dans son sac de voyage. Allez, courage, dans un peu plus de 13 heures tu seras libérée et découvriras ta nouvelle maison !

Ah, le charme des voyages ! Arrivée à Roissy. Se mettre dans la queue et attendre pour enregistrer les 3 valises et acheter le billet du chat. Mais ce serait trop simple. Une fois les bagages enregistrés, je dois aller faire la queue ailleurs pour régler le billet du chat, puis revenir présenter le reçu. Il est tôt, le rythme est lent. ... Voilà qui est réglé.

Se mettre dans la ligne pour présenter son passeport. Ces aéroports, quelle activité !

Nouvelle queue. Vous connaissez tous : mettre l'imperméable dans un bac, retirer ses chaussures, ses bijoux, sortir le matériel informatique et le mettre dans un bac à part, passer la valise, le sac à mains. Mais le saviez-vous ? Avec un chat, vous êtes prié de le sortir du sac et de passer le portique avec la bestiole dans les bras. Bon courage à ceux qui ont un chat trouillard et prêt à fuir à toutes pattes dans l'aéroport. Merci Doushka d'être un chat coussin qui ne bronche pas !

Evidemment le test aléatoire pour chercher de la poudre sur les mains tombe sur moi. Sans compter la fouille de mon sac à mains. Il faut dire qu'il y a un tel bazar là-dedans ! Bonne nouvelle, je n'ai pas utilisé d'arme à feu récemment. Ça vous étonne ?

Bien, tout est remis en place : le chat dans son sac, les chaussures, les bijoux, l'informatique. Le contenu du sac à mains est encore plus bordélique qu'avant mais bon... (si tant est que ce soit possible !!!).

Allez, encore un petit coup pour la route : la queue pour monter dans l'avion.

Ouf ! Enfin assise. Pas le temps de décoller que je pique un somme. Epuisant de faire la queue !

Devinez ? L'avion est parti en retard. Vraiment en retard.

Arrivée à Bruxelles. Ça faisait longtemps : faire la queue pour présenter le passeport. Et cette fois-ci, on bat des records de lenteur. Bilan des opérations, arrivée à ma porte d'embarquement, plus d'avion. Ô rage !  Ô désespoir ! Ô voyage ennemi ! N'ai-je donc tant fait la queue que pour voir au loin mon avion parti ?

Piètre consolation, une passagère venant de Genève est dans le même cas que moi. Nous voici toutes deux à faire la queue... pour régler le problème. Je passe la première. Je demande au charmant jeune-homme qui se trouve derrière le comptoir s'il a une baguette magique. A la fois gentil et compétent, il s'avère qu'il avait bel et bien une baguette magique. Enfin presque. Il nous a trouvé un vol qui part à 20h00 pour Addis Ababa. Arrivée le lendemain matin vers 6h00 et décollage à 11h00 pour Kigali.

Ma compagne, qui voyage léger, part de ce pas se promener dans Bruxelles. J'en ferais bien autant mais entre le chat, le sac à mains qui pèse une tonne et la valise cabine, j'y renonce. Dommage, j'aime beaucoup Bruxelles et il y a bien longtemps que je n'y suis pas venue.

Direction, le restaurant du dernier étage. Il fait faim et j'ai le dos en miettes. Doushka ne touche ni à l'eau ni aux croquettes que je lui donne. Etant donné le temps qu'elle va passer dans son sac, ce n'est pas plus mal. De 5h45 le jeudi matin jusqu'au vendredi 2 à 13h00 au moins. Plus de 30 heures. La pauvre.

Essentiellement, je vais passer mon après-midi assise au soleil sur un banc devant l'aéroport à lire. Ça pourrait être pire ! Le plus dur est de ne pas m'endormir.

17h00 : direction comptoir d'enregistrement pour que mes valises suivent. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait la queue. Ça commençait presque à me manquer ! Vous ne me croyez pas ? Vous avez raison.

Je vous passe le rituel passeport, portique avec chat, sauter à cloche-pied sur le pied droit, faire trois tours sur soi-même à la Zébulon et autres.

Et j'ai oublié de vous raconter le gag. Arrivée au comptoir d'enregistrement, je découvre que mon avion va à Addis... via Paris. Mieux vaut en rire. Et cette fois encore mon avion décolle avec un certain retard pour ne pas dire un retard certain. Etant donné le temps d'attente à Addis, je m'en fiche, je ne risque pas de louper ma correspondance cette fois.

Je suis épuisée. Je dors du sommeil du juste. Le temps passe plus vite comme ça ! Quant à Doushka, je l'admire et je la remercie. Pas un miaulement plus haut que l'autre. On ne l'entend pas.

Puisqu'entre mille files d'attente je suis quand même parvenue à prendre l'avion, je finis par arriver. Si si, je vous assure. Moi-même je n'y croyais pas.

J'ai retrouvé ma compagne d'infortune. Nous attendons nos bagages... qui n'arrivent pas bien sûr. Cependant, le service des bagages égarés est rôdé et efficace. Je sors bonne dernière de l'aéroport. Mon copain commençait à se demander ce que je fabriquais. Rien, je prenais mon temps, j'aime tellement les aéroports !!!

Je suis si heureuse d'être enfin arrivée à bon port. J'ai les yeux écarquillés dans la voiture. Que cette ville a changé !

Mes bagages sont bel et bien arrivés le lendemain soir.

Rendez-vous dans un prochain texte pour vous raconter mes premières impressions.


Yihah !

mercredi 7 octobre 2015

Un été chargé

Sept milliards d'habitants sur la planète, autant de cas différents. Il y a les nomades, en perpétuel mouvement qui comme les escargots se promènent avec leur maison "sur le dos". Il y a ceux qui choisissent une vie semi-nomade et découvrent le monde petit à petit, changeant de poste et de pays tous les trois ans. Et il y a ceux qui ont besoin d'un nid et qui détestent déménager. (Je parle de ceux, bien sûr, qui ont la chance de pouvoir choisir, pas de tous ceux qui sont contraints pour diverses raisons de fuir avec ou sans maison sur le dos !!!)

Définitivement, je fais partie des sédentaires attachés à leur nid. Et pourtant j'ai fait le choix de déménager il y a un peu plus d'un an pour retourner à Los Angeles et j'ai décidé de remettre le couvert en août dernier ! Pour partir où ? Au moment où j'ai empaqueté mes affaires pour les mettre en garde-meubles et n'avoir avec moi que trois valises et mon chat, je ne le savais pas trop. J'avais une vague idée mais rien n'était pleinement arrêté. J'y reviendrai plus tard.

Si vous faites partie des nidificateurs, vous savez comme moi le stress qu'occasionne ce genre de période. Ne rien oublier, ne pas faire enfermer dans un carton un élément qui risque de vous sembler indispensable par la suite et éviter d'en prendre trop et se retrouver avec des éléments inutiles dans ses valises. Comment dire ? Je crois ne pas m'être trompée concernant les cartons, je crains en revanche d'avoir opté pour le trop dans les valises. L'avenir me le dira !!!

Alors que je gérais mon petit stress personnel, j'avais pour mission de faire passer de bonnes vacances à la Chupa Chups. Je me suis donnée à fond, j'espère ne pas avoir failli ! D'autant qu'elle devait gérer son propre stress du grand saut dans une nouvelle vie : la fac de médecine, la prépa, la vie en foyer. Qui plus est, elle était affectée à Diderot et non à Pierre et Marie Curie et n'avait aucune nouvelles de la prépa alors que son stage démarrait quatre jours après son arrivée à Paris. Déception et angoisse supplémentaire à gérer.

Nous voici donc toutes deux en route pour Paris. Pas le temps de se poser des questions à l'arrivée. Atterrissage, récupération des bagages, aller à Versailles poser mes affaires et le chat, prendre la voiture, aller la charger de toutes les affaires de la Chups stockées pour son installation, repartir dans le 5ème arrondissement, décharger et tout monter avec nos petits bras musclés au 4ème sans ascenseur. Pas besoin de berceuse le soir et aucun problème de décalage horaire. Je vous recommande.

Le lendemain, déballage et installation. Découverte des éléments manquants, courses chez I..., relance de la prépa qui se manifeste le dimanche pour un stage démarrant le lundi. Le lundi matin démarche auprès de Pierre et Marie Curie pour bénéficier d'une dérogation. Attente d'une réponse jusqu'au jeudi alors que le stage a démarré selon le programme de Diderot. Mais tout s'est bien terminé puisque la Chupa Chups a été admise à Pierre et Marie Curie. Il n'y avait plus que l'administratif à gérer. (Et tout le monde sait à quel point l'administratif est léger en France... et ailleurs).

Cette phase passée, je n'avais plus qu'à me décider pour ma destination finale. Me décider est assez présomptueux. Disons continuer de lâcher prise et voir ce qui allait en sortir.

Comme un certain nombre d'entre vous le sait, mon plan de départ était d'aller faire du bénévolat au Burundi pour la femme que j'admire le plus sur cette planète (des jalouses ?).  Il s'agit de Marguerite Barankitse dite Maggy, la maman du Burundi. Je ne vais pas vous raconter ici le parcours admirable de cette sainte, voici le lien vers le site de son association : http://www.maisonshalom.org

C'était sans compter sur, comment vais-je dire ça, un assoiffé de pouvoir prêt à tout pour rester en place. Non content d'avoir été incapable de redresser le pays malgré tous les atouts qu'il avait en main depuis 2005, ayant vraisemblablement estimé qu'il ne s'était pas encore assez enrichi sur le dos du peuple, le voilà parti à l'assaut d'un troisième mandat. Qu'importe les accords d'Arusha, qu'importe la Constitution. Manipulations, menaces et hop, je change la constitution et je me présente pour un troisième mandat. Qui suis-je ? Pierre Nkurunziza. Ça, c'était fin avril. Mais les Burundais n'étaient pas décidés à se laisser faire. Début des manifestations contre le 3ème mandat, coup d'état avorté mi-mai. Une situation qui ne fait qu'empirer de jour en jour. Garder le pouvoir coûte que coûte : essayer de diviser les gens pour relancer la guerre ? Pas un problème. Détruire tous les médias indépendants ? Une priorité !Envoyer la police et la milice tuer des civils tous les jours ? Pas un problème. Avoir une jolie liste de personnes à tuer car elles sont influentes et clament ouvertement être contre le 3ème mandat ? Fait avant même de trafiquer la Constitution ! Passer outre les tentatives de médiation ? Pas un problème. Se moquer des pressions internationales ? Une évidence. Voir le pays économiquement, non plus à genou, mais à terre ? Pas un problème. Voir le pays se vider de sa force vive ? Pas un problème. Bref, la liste est longue.

Et pendant que tout un peuple souffrait fin mai (et souffre toujours) des exactions d'un malade mental, la petite blanche commençait à chercher un plan B. Partir au Rwanda retrouver un copain Burundais en attendant qu'à force de ténacité le grand manitou se retire ? Envisageable. Mais le copain en question habitant habituellement au Canada, pas sûr qu'il soit toujours là en septembre. Les jours passaient et j'espérais que le Président s'inclinerait face à la volonté du peuple. Que je peux être naïve ! Bref, mi juillet, je devais me décider. Allons-y, soyons folle. J'ai donc donné congé de mon appartement à Los Angeles. Et me voilà donc à Paris fin Août avec mes 3 valises, mon chat et pas de décision prise. Une amie m'a alors mise en relation avec une association aux Philipines. Un poste à pourvoir en urgence. J'avais toutes les compétences requises. Mais l'urgence était relative. Plus de trois semaines entre le premier contact et la réponse finale. Pendant ce temps, j'avais pris ma propre décision. Pas encore assez solide pour me lancer dans une telle aventure : être houseparent de 65 enfants au parcours pour le moins difficile, ce qui veut dire du 7/7, plus le reste de la mission. Pure folie pour tout le monde. J'avais donc décidé de partir au Rwanda, acheté mon billet et fait ma demande de visa. Bien m'en a pris, il était écrit que je ne devais pas aller aux Philipines. Ils n'ont finalement embauché personne et se sont arrangés entre eux ! Comme quoi...

Voilà chers amis, je suis maintenant à Kigali. Mon prochain texte vous racontera la suite de l'aventure !!! Parce que ça a l'air simple de faire Paris Kigali mais...


Yihah !

samedi 21 mars 2015

Suprématie du paraître

Il y a quelques temps, un ami rapportait sur facebook avoir entendu une édifiante conversation entre une mère et trois jeunes-femmes d'une vingtaine d'années. Ce petit monde n'étant pas novice en la matière, discutait vraisemblablement de chirurgie esthétique, Botox etc... Enfermées dans leur superficialité et leur vanité, elles avaient au passage oublié la plus élémentaire des politesses. Que du bonheur !

Chose amusante (ou non), j'avais vu quelques jours plus tôt un spectacle qui m'avait édifiée. Deux jeunes-femmes au restaurant, assises l'une en face de l'autre, chacune le nez sur son portable. Déjà, ça commençait bien, bonjour l'ambiance. Elles devaient avoir 25 ou 26 ans. Celle assise en biais par rapport à moi, avait assurément déjà bénéficié de quelques retouches et se cachait derrière une sacrée couche de maquillage. Quant à son vis-à-vis, c'était l'apothéose. Elle s'était tellement fait refaire le visage que c'en était devenu un masque figé, sans expression, sans âge. Il va sans dire que de surcroit elle était anorexique. Et comme dirait mon copain, elle était enfermée dans sa vanité et le regard qu'elle portait sur autrui était empli d'un dédain sans fond. J'ai eu pitié d'elle. Faut-il être malheureuse au fond, et coupée de valeurs fortes...

Cela m'a ramenée quelques années en arrière. J'étais adolescente et je confesse avoir eu recours à la chirurgie esthétique. Si, si. Lorsque le chirurgien nous a reçues ma mère et moi, il était sur le point de nous virer avec un coup de pied dans les fesses mais a daigné m'examiner. Il a changé de tête et d'avis en voyant l'ampleur des dégâts. Bref, à cette occasion, je me suis retrouvée à la clinique dans une chambre à trois.

A ma droite, une femme d'une quarantaine d'années (une vieille, ha ha ha) qui, après s'être fait poser des implants mammaires un an plus tôt, ne s'y était jamais faite, et était là pour les faire retirer. Première leçon. Lorsque le "rêve" d'un changement esthétique devient réalité, il n'est pas sûr que l'on s'y retrouve. Encore une chance pour elle, on peut retirer des implants mammaires mais lorsqu'il s'agit d'un menton refait, c'est une autre histoire.

A ma gauche, une jeune-femme de 22 ans. Elle était là pour se faire refaire le nez, me semble-t-il. Nous discutons et de fil en aiguille j'apprends qu'elle s'était déjà fait opérer des cuisses, des oreilles, des lèvres, des paupières et du menton. Cherchez l'erreur, elle avait les cheveux décolorés. Cette pauvre fille se détestait à un point inimaginable. A l'entendre, son père voulait un fils et du coup elle ne s'était jamais acceptée. Je lui demande de me montrer une photo d'elle avant. Du haut de mes 17 ans, j'ai eu le choc de ma vie. J'y ai vu une jolie brunette pétillante, avec un beau visage expressif. Qu'avait-elle fait ? Oui, elle était devenue un masque de cire, comme cette jeune-femme croisée l'autre jour. Cela m'a fait prendre en horreur la chirurgie esthétique pure et dure.

Depuis que je suis à Los Angeles, je suis servie pour le concours des horreurs. Lorsqu'il s'agit de vieilles dames, avec leurs énormes faux seins, leur nez en trompette trop fin, leur lifting, leurs lèvres gonflées à outrance, assortis de cheveux trop teints ou décolorés, ça fait mal. Mais lorsqu'il s'agit de jeunes-femmes, c'est simplement désespérant.

L'expansion de la chirurgie esthétique est due aux progrès de la chirurgie réparatrice. Vous imaginez l'impact et le miracle, après la guerre de 14/18, de pouvoir rendre un visage aux "gueules cassées". C'était fantastique ! Mais comme toujours, il a fallu que nous trouvions une dérive. 

A l'époque où on rendait un visage aux "gueules cassées"

Certes, les femmes (bien plus que les hommes), ont toujours cherché à ralentir les effets du temps qui passe sur leur joli minois. Tant qu'il s'est agi de se faire des masques au concombre, de se tartiner le visage de miel, d'arracher ses premiers cheveux blancs, je pense qu'on restait dans le domaine du raisonnable et d'une gentille coquetterie. Or depuis le développement de notre actuelle chirurgie esthétique, la demande va croissante. C'est terrifiant. Comment expliquer ce besoin maladif qui fait que les candidates au bistouri ne se rendent pas compte qu'elles s'enlaidissent au lieu de s'embellir ?


Quand, par peur de vieillir, et qu'on se laisse défigurer.

Que c'est beau un regard malicieux et pétillant dans un visage marqué par les rides du rire et du sourire. Tellement plus beau qu'un regard figé au milieu d'une peau trop tendue, dont on a gommé toute trace de vie.

Bon, si jamais me prenait la folle idée d'un lifting dans 25 ans, vous me ressortirez mon texte. D'ici là, je vais rire et sourire le plus possible pour ressembler à ces femmes que je trouve, même très âgées et même très ridées, irrésistibles !!!


Yihah !

jeudi 12 mars 2015

Vive le "progrès"

Qu'il est bon d'entendre le chant des oiseaux qui piaillent et qui, sait-on jamais, communiquent. Qu'elle est douce la musique de l'eau de la cascade, de l'eau qui coule dans le ruisseau et se heurte aux rochers. Que dire du bruit des vagues qui viennent se fracasser sur les rochers ou se briser sur la plage ? Et le vent dans les feuilles qui caresse nos oreilles ? Et que dire du grand chef d'orchestre qu'est le silence ? Sans lui, nous ne serions pas capables d'entendre toutes ces nuances. Monde de dualité : sans silence point de son.

Nous devrions être bercés des milles sons offerts par la nature. Le lapin qui saute sur la neige ; la baleine qui lance son chant ; le cerf qui brâme ; la poule qui caquette ; le tonnerre qui gronde et que sais-je encore.

Depuis quelques jours, mon ouïe me dérange. Le bruit du marteau-piqueur dans la rue d'à côté ; les sirènes qui font florès à Los Angeles ; la réfection de l'appartement voisin ; le rotofil auquel succède la souffleuse à feuilles à laquelle succède la tondeuse. Sans compter les bruits d'hélicoptère, les voitures, les coups de klaxon...


C'est donc ça la civilisation et le progrès ?

On a mis le temps, mais on a fini par développer des voitures silencieuses et non polluantes. (Merci Tesla). Est-ce qu'on ne pourrait pas se pencher sur tous ces engins du quotidien pour les rendre plus silencieux ? Bon, sinon, la solution c'est un retour en arrière avec la faux et la charrue à boeufs. C'est peut-être un peu excessif. Mais franchement, cette pollution sonore est aussi intolérable que la pollution de l'air.

Quand je pense que dans mon enfance, je détestais la pêche à la mouche avec mon père ; ces heures silencieuses passées au bord de la rivière pour pêcher la truite. Que je donnerais cher pour ces moments de silence en communion avec la nature.

Je dois être une vieille réac !


Yihah !

samedi 7 février 2015

Mamie Blue

C'était une femme de petite taille, menue, avec un regard bleu clair très franc. Elle faisait preuve d'un dynamisme à toute épreuve. Du reste, ses petits enfants l'appelaient Mamie Blue, moi je l'avais surnommée Mamie Speedy !

Elle aimait être entourée de ses petits-enfants dans la maison de famille pendant les vacances scolaires. Faute de pouvoir chauffer cette grande bâtisse en hiver, il y avait tout de même la Toussaint, les vacances de Pâques et les grandes vacances. N'étant pas moi-même une de ses petites-filles, je n'ai pas connu les cousins petits faisant les fous dans le jardin. En revanche, je me souviens de ce premier été où j'avais été invitée. J'avais été subjuguée.

Mamie Blue venait de faire construire une piscine pour ses petits-enfants. Parce qu'elle était comme ça, généreuse et voulait qu'ils se sentent bien. Du haut de mes 18 ans, je regardais fascinée cette grand-mère à l'organisation sans faille. Elle venait en amont de la famille, allait voir ses fournisseurs attitrés et remplissait les congélateurs en vue de nourrir tout ce petit monde pendant l'été. Le matin, elle allait chercher les produits frais manquants. La liste des menus était préparée à l'avance et roulez jeunesse.

Je me souviens, c'était au mois de juillet. La maison était pleine. Certains de ses enfants avec des amis, certains de ses petits-enfants avec des amis. Tout cela regorgeait de vie : des courses, des cris, des rires.

A table chacun avait sa place en fonction de son rang dans la fratrie. Les tablées étaient grandes et les repas animés. Les enfants avaient leur propre table dans la cuisine, heureux d'échapper à ces repas pour eux interminables, et ravis de pouvoir retourner jouer leur dernière bouchée avalée.

Je me souviens aussi de cet été où Mamie Blue a vu qu'il fallait refaire les mastics des portes-fenêtres des dépendances. Et la voilà, installant des tréteaux, recrutant de la main d'œuvre parmi les jeunes et hop. Nous avons beaucoup ri tout en travaillant. C'est du reste à cette occasion que je l'ai surnommée Mamie Speedy.

Elle était généreuse, n'aimait pas l'injustice. Elle a eu son compte d'épreuves mais c'était une femme forte qui forçait mon admiration. Son mari est décédé alors que les enfants étaient des adolescents. Situation difficile s'il en est. Elle aimait ses enfants du plus profond de son cœur mais ne savait pas vraiment le dire. Avait-elle peur de perdre de son autorité ? Reproduisait-elle un schéma ? Elle a été bien différente avec ses petit-enfants, se sentant plus libre de laisser transparaître ses sentiments.

Et puis, il y a quelques années, elle a perdu un fils. Quoi de plus terrible pour une maman ? Mais Mamie Blue était déjà une très vieille dame et peut-être ne s'est-elle pas vraiment rendu compte. Je l'espère pour elle.


Le temps a passé. Elle est devenue une petite dame fragile dont le corps semblait l'encombrer. C'était vendredi matin. Elle a dit avoir froid. Le temps de lui apporter une couverture et elle s'en était allée. Elle s'est éteinte doucement, sans bruit, comme une bougie arrivée en bout de course. Maintenant je suis sûre qu'elle veille sur les siens depuis le monde des Esprits. Je lui souhaite un beau voyage.