mardi 30 août 2016

Voyage de Kigali à Queen Elizabeth Park (Ouganda)

En route pour un petit safari photo de 6 jours au Queen Elizabeth Park en Ouganda !

Après quelques investigations sur Internet pour recenser les hôtels au bord d'un lac afin de satisfaire mon colocataire, puis quelque temps passé au téléphone pour obtenir les tarifs, j'ai fini par trouver un hôtel avec cinq nuits d'affilé disponibles... Je n'avais guère envie de changer de lieu toutes les cinq minutes. En route donc vers le Jacana Safari Lodge. Temps prévu : 5 heures de route, 1 heure à la frontière plus 1 heure de décalage horaire. Départ à 13h, arrivée prévue à 20h, heure locale.


La frontière : fini le macadam, route en terre, des camions et véhicules de toutes sortes, partout... un gros bazar. Un jeune-homme nous aborde pour que nous fassions une extension d'assurance. Dans un premier temps, il nous guide (ce n'est pas un luxe).

Côté rwandais : premier guichet pour les passeports. RAS. Deuxième guichet : présentation de mon passeport et de la carte jaune du véhicule (équivalent de notre carte grise). J'ai acheté ma voiture il y a 9 mois à un ami mais nous n'avons toujours pas fait le changement de nom. Je sens les problèmes poindre. Subitement, mon anglais s'est comme volatilisé au mot "procuration" ! Là, je me suis tournée avec un regard désespéré vers mon colocataire resté en retrait ; je connais les prouesses de négociation et de persuasion dont il est capable. En plus, ce n'est pas un muzungu (blanc) et il parle kinyarwanda. Ouf, ça passe.

On reprend la voiture pour s'arrêter plus loin : on me délivre le papier magique qui me permettra de sortir la voiture grâce au premier papier magique délivré juste avant. Passage par le bureau de l'assureur.

On reprend la voiture pour s'arrêter plus loin ; douanes ougandaises. Premier guichet (dans un bâtiment cette fois) pour les passeports, RAS. En sortant, une queue monstrueuse... On a eu de la chance. Deuxième guichet sur le côté de la maison pour la voiture. Petite pièce en bois. Trois femmes qui papotent ; c'est le dernier salon où l'on cause. Derrière le guichet, en bois lui aussi, un officier de police. Devant lui des registres posés dans tous les sens. Au sommet, le registre qu'il utilise repose à droite et à gauche sur les autres cahiers. Bref, il est dans un vaste équilibre. L'homme prend tout son temps pour tracer les lignes verticales des colonnes qu'il remplira ultérieurement. Ne pas s'impatienter, surtout ne pas s'impatienter. Passeport, carte jaune, papier magique, remplissage des colonnes. Ouf, c'est fini.



Moto du policier Ougandais

Quelques centaines de mètres après la frontière, mon passager me demande si j'ai bien l'itinéraire. Je l'ai regardé des dizaines de fois et jusqu'à cette seconde je me sentais sûre de moi. Mais je m'aperçois que si le chemin est gravé dans ma mémoire, je n'ai pas été fichue de retenir le nom des villes clés. Pour le moins penaude, je sors mon téléphone et regarde Google Maps. Nous notons le nom des villes. Je découvrirai ultérieurement que même sans Internet, Google Maps vous laisse voir le joli point bleu qui vous situe en temps réel sur la carte (merci Big Brother !).

J'aime conduire, j'adore ça même. Mais ma vue me rend les choses difficiles de nuit, alors sur des routes sans éclairage, avec des piétons sur le bas côté, des vélos non éclairés et des motos qui roulent plein phare, ça devient juste impossible. Je passe donc le volant à mon colocataire dès que nous sommes entre chiens et loups. Il nous reste moins de cinquante kilomètres pour atteindre le petit chemin qui mène à l'hôtel. La fin de la route est pénible : elle est vraiment dans un sale état et les Ougandais roulent vite, très vite. Nous finissons par trouver le panneau de bois qui nous indique le petit chemin. D'une petite voix timide je glisse à mon chauffeur que le chemin serait sans doute un peu long : en suivant notre progression sur Google Maps, je me suis aperçu que le petit chemin était en fait fort long !

Nous entamons notre progression vers 20h15. Il fait nuit noire. Nous roulons doucement. Tout à coup nous voyons passer dans le halo des phares un lion. Wouaouh. Puis ce sont trois éléphants qui sont juste à notre droite. Quel accueil ! Il ne faudrait peut-être pas tomber en panne par ici la nuit.

Je repère quelques habitations traditionnelles qui bordent le chemin à droite. Une petite lampe s'approche. Le Jacana est plus loin. C'est reparti. Le chemin devient plus étroit. Puis deux options possibles : tourner à gauche ou continuer vers la droite. Nous prenons la seconde option. Le chemin devient pentu et encore plus étroit. La végétation change. Nous ne sommes plus dans la savane mais dans une forêt dense. Quelques magnifiques trous nous obligent à rouler à la vitesse de l'escargot. Et tout à coup, un petit carré déblayé, une maison en dur sur la gauche et une barrière fermée face à nous. Une moto, que nous avions croisée dans l'autre sens, revient, chargée de ses trois passagers. Elle ne ralentit pas et passe à gauche de la barrière. Et nous alors ? Nous attendons toujours. Rien ne se passe. Petits coups de klaxon timides. Le lieu est impressionnant ; pas question de sortir du véhicule et de crier "Coucou, on est là, y a quelqu'un ?" Je cherche dans mon courriel de réservation un numéro de téléphone. J'en trouve deux pour les "after hours". Le réseau est là quelques secondes puis disparait. Quand je peux, je téléphone. Le premier numéro ne répond pas. J'essaie le second. On décroche. Quel soulagement ! C'est un faux numéro !!! Alors là, c'est le pompon. Ça fait vingt minutes que nous attendons, nous sommes affamés, fatigués et ne comprenons toujours pas ce que fait cette satanée barrière au milieu de nulle part. Il est 21h15.

Demi-tour. A la bifurcation, nous prenons l'option délaissée plus tôt. Nous longeons des champs de caféiers et arrivons dans un village. C'est vendredi soir. Nous essayons de nous renseigner auprès de gens assis devant leur maison. Chou blanc, ils ne comprennent pas l'anglais. Nous avançons encore un peu. Un type sort d'un bar pour nous aider. Il doit être le seul du village à parler anglais. Seul bémol, il est bourré comme un coing ! Nous arrivons à comprendre que nous étions au bon endroit, ce qui ne nous donne pas la solution pour faire ouvrir la barrière ! Le type est comme un disque rayé et ne nous avance guère. Nous faisons demi-tour. Nous faisons quelques mètres avant de nous arrêter à hauteur d'une moto qui vient d'arriver. Notre anglophone bourré nous a rejoints ainsi que la moitié du village. Nous proposons au motard de nous accompagner jusqu'à la barrière qu'il franchirait ensuite pour avertir l'hôtel de notre arrivée. Le tout moyennant finance bien sûr. Il refuse. On n'est pas dans la mouise. Puis coup de théâtre : il dit avoir le numéro de téléphone d'un des responsables de l'hôtel. Nous sommes prêts à le payer pour qu'il l'appelle. Il refuse, mais nous donne le numéro. Le réseau continue de jouer à cache-cache. Enfin, je peux téléphoner ! Deuxième miracle, on décroche ! Avec l'essaim d'humains autour de la voiture, je n'entends rien. Un peu stressée, je leur hurle un grand coup de la boucler et je ferme les fenêtres. L'homme savait que nous devions arriver, me dit qu'il téléphone et s'occupe de tout. Je n'ai pas eu le temps de faire ouf qu'il a raccroché. On doit y retourner à cette barrière ou pas ? Bien sûr quand j'essaie de rappeler, la ligne est occupée. Je finis par le joindre de nouveau : oui, nous devons aller à la barrière, on nous attend.

Et c'est reparti. A l'arrivée, un militaire en arme et une femme qui s'excuse, il était tard, je n'ai rien entendu. Je sens le maître zen qui m'accompagne quelque peu énervé quand même ! Et nous comprenons enfin cette barrière : c'est une entrée du parc, un peu intimiste certes, puisqu'elle ne dessert que notre hôtel. Nous règlerons l'entrée dans le parc demain. Le militaire lève la barrière.

Nous voici enfin arrivés. Il est 22h30. Nous sommes accueillis avec un bon jus de fruits frais. Le restaurant et salon est fait de rondins, c'est une belle avancée couverte et aérée qui donne sur le lac. Malgré l'heure plus que tardive on nous présente le menu et on nous mène à notre table. On nous explique également qu'exceptionnellement le groupe électrogène sera éteint à 23h30.

Le dîner bien mérité et fort bon achevé, on nous mène au bungalow. Le lieu est spacieux et joliment décoré.

L'heure de la douche tant attendue... Bonheur. J'allume le robinet, une belle fuite jaillit sur le côté du robinet, je n'arrive pas à avoir d'eau chaude. Pas grave, c'est trop bon de se laver. Dernière surprise : impossible de fermer le robinet !!! Il faut aller chercher le gardien de nuit. Il coupe l'arrivée d'eau, ce sera réparé le lendemain.

Quelle journée ! Il est temps de dormir. Heureusement, j'ai des bouchons d'oreille : il y a des centaines de grenouilles qui coassent...


Yihah !

2 commentaires:

  1. Quel plaisir de lire ton article. C'est tellement realiste ! Mes parents ont effectue un long voyage en voiture en 1956 en passant par ce meme parc Elisabeth et ton recit me fait penser a la longue lettre de 6 pages de ma maman. Ils sont tombes en panne la nuit, ont dormi dans la voiture ... une longue aventure. Surtout, continue a relater tes vacances. Merci. Brigitte G.

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    1. Merci Brigitte. Tu ne devrais pas être déçue de la suite...

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