jeudi 22 janvier 2015

Nouveau monde

Alors voyons, on nous dit qu'il faut lâcher prise et faire confiance à la vie. Deux choses d'une simplicité enfantine. Du reste, les enfants y arrivent très bien, c'est après que ça se corse.

Il faut dire qu'on n'a pas arrêté de nous dire que la vie était difficile, qu'il fallait se battre. Alors après ça, comment lui faire confiance ? On est méfiant. On guette l'embuche, on veut tout contrôler. De plus, dès notre plus jeune âge, on nous a comparé à l'autre, on nous a mis dans un système de compétition. Avant même la scolarisation, les mères se demandent "Et le tien, il a marché à quel âge ? Il a parlé à quel âge ?" Mais qu'est-ce que ça peut faire, je vous le demande... Sauf problème grave, tout enfant marche un jour et parle un jour. Chacun son rythme de développement. Alors quand arrive l'école, on atteint des sommets. On note, on juge, on étiquette. Rien de tel pour casser la confiance en soi chez un individu.

C'est aussi pour cela que dans les écoles Montessori, on ne note pas et on ne juge pas le travail d'un enfant. Tout le matériel est pensé pour qu'il puisse s'autocorriger, comprendre où il s'est trompé. Il apprend par plaisir dans un environnement préparé et ne fait pas tout et n'importe quoi comme beaucoup se l'imaginent. Le but premier est de construire sa confiance en soi, son estime de soi. La devise pour les 3 à 6 ans est "Apprends moi à faire seul". Et je vous garantis que ces enfants apprennent très jeunes des choses incroyables. Je pense qu'une des idées de génie de Maria Montessori a été de troquer la contrainte pour le plaisir.

C'est terrible, on nous a appris à regarder l'autre comme un ennemi et non comme un frère ou un allié. Parce qu'on nous a bien fourré dans le crâne qu'il fallait être meilleur que lui. Toujours pour en revenir à Maria Montessori, dès le groupe des 6 à 9 ans, les enfants apprennent à travailler en groupes ou par paire. Chacun apporte sa pierre à l'édifice. Ne devrait-il pas en être toujours ainsi ? L'idée de Montessori est que, lorsque l'enfant a appris à se connaître lui-même et à se faire confiance, il ne perçoit plus l'autre comme un danger. Les racines sont ancrées, au tour des branches de se développer.

Bref, quand on n'a pas eu la chance de passer par une école Montessori (c'est à dire la majorité d'entre nous) on a peur. Peur de soi, peur de l'autre, peur de rater, peur de la vie, peur de la mort. Aïe aïe aïe, quelle programmation.

Or nous savons que la peur, la jalousie, la rancoeur, l'envie, la colère... nous tirent vers le bas, nous enferment au lieu de nous ouvrir.

Alors, la tâche est compliquée pour arriver au lâcher prise et à la confiance en la vie. Il nous faut dé-tricotter tout ce qu'on nous a appris. Et c'est ardu, puisqu'au-delà de l'apprendre, nous l'avons intégré tant et si bien que nous avons développé des réflexes... de défense et de peur.

Bilan des opérations, pour tous ceux qui ont décidé d'alléger leur vie, de s'ouvrir, d'être dans la joie, l'Amour, la gratitude, bref des choses qui nous tirent vers le haut, c'est un travail de chaque instant. Parce que pour défaire ces réflexes, il faut commencer par maîtriser nos pensées et nos paroles. Cela étant, ça ramène forcément dans l'instant présent.

Ça aussi, maîtriser ses pensées et ses paroles, ce n'est pas tout à fait ce qu'on nous a inculqué. Qui n'a pas eu droit à une ou plusieurs phrases assassines dans son enfance, prononcée(s) par un adulte qui était le symbole du pouvoir et de la sagesse ; phrase(s) qui a (ont) pu être prononcée(s) sous couvert d'un trait d'humour et qui vous a (ont) marqué au fer rouge ?

Au commencement était la parole, ne l'oublions pas. Et puis nos pensées créent, ne l'oublions pas non plus. Dans le sens où, plus nous voyons le monde qui nous entoure comme étant hostile, plus il le sera. Chance, l'inverse est vrai !

Il me plaît à penser que nous sommes nombreux à avoir essayé d'inculquer des valeurs d'ouverture et de tolérance à nos enfants (malgré les notes et les jugements !!!). Nous sommes également de plus en plus nombreux (chez les adultes) à essayer de nous débarrasser de ces vieux schémas et réflexes. Alors, tous ceux qui s'investissent dans ce sens, tous ensemble, nous allons parvenir à construire ce nouveau monde... pour le meilleur.


Yiha !

1 commentaire:

  1. Tout a fait d'accord. Ce n'est pas facile de lâcher prise, de se débarrasser de ses vieux schémas mais que c'est libérateur! Je compare souvent cela à un tissu qui a pris de mauvais plis et que l'on repasse avec amour. Quelle merveille que l'école Montessori... Merci pour ce post très intéressant.

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