mercredi 18 novembre 2009

Billet d'humeur : mon défi

Quelle est la chose que vous détestez faire le plus au monde ? Non quelque chose que vous détestez faire mais que vous devez faire, comme le ménage, le repassage ou les courses. Non ; une chose parfaitement optionnelle qui vous a toujours donné des boutons.

En ce qui me concerne, cette chose, c’est la couture. C’est du reste devenu un sujet de plaisanterie facile… que j’assume pleinement.

Toute mon enfance a été martelée à coup de « je déteste coudre » par ma mère. J’ai pourtant été habillée de superbes robes à smocks maison de 0 à 10 ans. Certes, les smocks ne sont pas de la couture mais de la broderie. Il n’empêche que la robe, il faut bien la faire non ?

La machine à coudre familiale était une vieille Singer noire et dorée. Celle que nous avons tous vue dans les greniers familiaux et autres brocantes. Mais attention, nous avions une des premières machines portables… électrique, 250 kg de fonte avec un beau capot en bois. Bref, portable, à condition d’avoir des biscoteaux en fer forgé ! Et bien sûr, Titine était tellement vieille que tout devenait périlleux. Toujours est-il que je n’avais pas le droit de toucher à l’objet maudit qui ne fonctionnait qu’à peu près correctement sous les doigts de son maître.

Têtue comme une mule (on ne peut renier si facilement ses origines normandes), je ne manquai pas de m’inscrire au cours de couture en classe de seconde. Ainsi confiée aux mains expertes d’une dame qui trouvait la couture si facile et si amusante, je fis le patron d’un caleçon à ma taille. Et plus fort, je fis le caleçon en question qui me servit de caleçon de nuit pendant des années.

Mon deuxième exercice fut un peignoir de bains. Un choix tout à fait personnel. Après avoir fait mon patron à mes mensurations, je devais donc faire l’œuvre de ma vie ! Manque de chance, je rêvais d’un peignoir moelleux et ma mère me fournit une espèce de tissu éponge foireux bien loin de mes rêves. Bilan des opérations, mon beau patron découpé se retrouva épinglé au tissu éponge. J’eus le courage de me lancer dans la coupe et les choses en restèrent là, parce que, franchement, la perspective d’un peignoir qui gratte ne m’emballait guère.

Ma mère étant une grande conservatrice devant l’Eternel (on ne sait jamais, ça peut toujours servir), les morceaux de tissu épinglés au patron doivent toujours attendre dans un carton qu’on les assemble.

Depuis, je me suis forgée une réputation de catastrophe ambulante dans le domaine de la couture.

Lorsque Chupachups était petite, j’ai eu droit à l’incontournable doudou. Afin qu’il soit reconnaissable, le sien était un Bandana. Et voulant qu’il soit spécial, je décidai d’y coudre un ruban de satin. Rien d’extraordinaire ! Bien sûr, bonne perfectionniste, la couture devait être invisible.

Une de mes meilleures amies, introduite dans le club des couturières qui trouvent ça facile (nananananère), m’a prodigué ses conseils. En effet, c’était invisible et facile (bien que cela m’ait pris trois fois plus de temps qu’à n’importe qui).

C’était il y a dix ans. Et comme les mauvaises habitudes et les préjugés ont la vie dure, je suis vite retournée à mon sempiternel « je suis nulle en couture, je déteste coudre » et j’en passe.

Un petit démon devait cependant occuper un coin de mon cerveau. Alors que mes prouesses de couturière se résumaient à « je pose le bouton tombé à côté du vêtement dans l’espoir qu’il va se recoudre tout seul », j’osai émettre l’idée auprès de mon cher et tendre d’avoir une machine à coudre à je ne sais quelle occasion.

Devant le fou rire de l’homme, je n’insistai pas. Mon tableau de chasse ne jouait guère en ma faveur.

J’ai scrupuleusement continué d’ignorer les boutons à recoudre. J’ai scrupuleusement continué d’accepter que ma belle-mère fasse les « petits points » nécessaires sur les vêtements de Chupachups alors que ça me collait une honte indescriptible. Et j’ai continué de penser que je n’étais pas plus c…. qu’une autre et qu’avec une machine à coudre, de nouveaux horizons s’ouvriraient.

Retour aux contradictions qui nous façonnent. Après le « j’veux y aller, j’veux pas y aller », le « j’veux faire mais j’peux pas faire ».

J’ai donc pris une pincée d’entêtement normand, une pincée d’amour propre (je ne suis pas plus bête qu’une autre), une poignée d’amour propre piqué au vif (arrête d’entretenir cette image de nulle en couture) et une belle opportunité et je me suis lancée.

Chupachups fait partie de la chorale de son école. Membre des Concert Singers, la barre est toujours plus haute. Ainsi donc, le prochain concert a pour thème la Renaissance. Tous les enfants devront avoir un costume Renaissance… mais les Concert Singers, doivent avoir un costume de cour. Sinon, ce ne serait pas drôle.

Allez trouver un costume de cour Renaissance taille enfants aux USA. Y’a pas ! Vous trouvez en taille adulte et une fortune.

Bref, je suis rentrée à la maison avec une machine à coudre samedi dernier. L’homme de ma vie a hurlé de rire. Voyant à quel point j’étais sérieuse, il s’est puni en se remettant au sport (si si… mais ça a duré moins longtemps que ma persistance de couturière... une fois).

Et voilà. Je m’escrime à essayer de comprendre les mystères du tissu que mon cher et tendre qualifie de « solide-liquide ». J’ai fait la jupe du costume (dans les règles de l’art sans élastique à la taille). Je m’arrache les cheveux sur le chemisier et j’ai à moitié fait la veste.

Mais tout cela manquerait parfaitement de sel si je ne précisais pas que je me retrouve avec un patron et des directives en Anglais. En résumé, je n’y comprends rien. En Français j’aurais du mal, en Anglais je coule. Alors j’invente.

Tétanisée devant mon patron, je n’ai rien voulu changer… Mon chemisier irait à Shrek mais est un peu (beaucoup) trop grand pour Chupachups. Alors j’te fronce d’un côté, j’te rajoute une couture de l’autre, j’te la cache avec un biais etc etc…

Bref, je me suis lancée un défi. J’ai décidé d’ajouter une corde à mon arc (peut-être de prendre le contre-pied du discours de ma mère que j’avais fait mien… allo docteur Freud). En tout cas, j’apprends beaucoup… et je m’amuse !!!!

Yiha

1 commentaire:

  1. Respect ! J'adorerai aussi mais je ne sais vraiment pas.
    Les problèmes commençant dès la découpe : je ne coupe pas droit !

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