dimanche 14 octobre 2012

Billet d'humeur : "Dimanche d'automne"


Aujourd'hui il pleut. Cela n'est guère surprenant à la mi octobre à Paris.

Ce n'est pas une de ces journées où l'on a le plafond sur la tête et où les nuages sont gris foncé. Non, au contraire, les nuages sont gris clair et haut perchés.

Bref, je commence la journée par me mettre à jour des mes devoirs d'étudiante. A midi, heureuse, j'ai achevé mon dernier dessin. Il y a quasiment deux ans, je m'étais lancé un défi couture, cette fois, la vie m'offre un défi dessin... et pour moi, ce n'est pas rien !

Je regarde par la fenêtre et trouve qu'il fait un temps à faire une grande balade en forêt. Mais pour l'instant, il me reste quelques devoirs de maîtresse de maison à accomplir. Je sais qu'en rentrant de promenade, je risque d'avoir une forte tendance à buller. J'attrape donc mon fer à repasser et me met à l'ouvrage.

Deuxième satisfaction de la journée : le linge est propre et repassé.

Maintenant, je m'autorise cette promenade tant désirée. J'enfile mes belles bottes vernies, en caoutchouc, un bon blouson à capuche et c'est parti.

Arrivée à l'entrée du parc André Citroën, je prends mon habituelle allée sablonneuse. De jolies flaques se succèdent. Je m'apprête à faire comme tout adulte : contourner les flaques. Mais quel est l'intérêt d'avoir des bottes de pluie si c'est pour se comporter comme si on portait des chaussures basses en cuir ?! D'un pas décidé, je traverse chaque flaque en son milieu. Un large sourire est venu s'épanouir sur mon visage. Il y a un sentiment de petit fille espiègle qui se réveille en moi.

Je me sens légère et d'une humeur guillerette. Ça sent bon l'herbe mouillée. La lumière est belle. Je croise quelques irréductibles dans mon genre et quelques râleurs qui se seraient vraisemblablement passés de marcher sous la pluie.

Je continue mon bonhomme de chemin. Tout à coup, alors que je regarde mes pieds en marchant, me reviennent en mémoire mes bottes en caoutchouc rouge de petite fille et les chaussons à carreaux rouge, en laine, avec un élastique vert au niveau de la cheville, et qu'il fallait mettre pour garder les pieds bien au chaud et ne pas attraper froid. Cette visite surprise d'un souvenir depuis longtemps oublié, me fait tout drôle. Il m'émeut aussi, car il draine avec lui l'image de mon père. Un coucou en pensée et en passant.

Je me dirige d'un pas décidé vers la Seine. Je reste quelques minutes à contempler les gouttes de pluie qui rebondissent sur la surface avant de devenir elles-mêmes partie intégrante du fleuve. Certaines font des bulles, c'est amusant. Mon attention se porte vers le bruit des gouttes heurtant ma capuche. Ça fait une jolie musique.

Je continue ma promenade. Cette fois, je suis sur une allée nettement plus large, en sable elle aussi et également couverte de larges flaques. Je dois toujours avoir mon air ravi (et sûrement un peu benêt) et marche droit devant moi. Je croise une dame d'un certaine âge pour le moins surprise d'une telle attitude, elle-même contournant scrupuleusement chaque flaque !

A ma gauche, une flaque plus longue et un peu plus profonde que les autres. Une vraie tentation. Mes pas sont comme attirés par elle. Avant de l'atteindre, je découvre une pelouse couverte de fleurs sauvages, des fleurs hautes : blanches, mauves, violettes. Il y a même des coquelicots. Encore une réminiscence de mon enfance. Il y a si longtemps que je n'en ai pas vus. Et là, un autre bonheur m'attend : laisser les traces de mes semelles dans la boue !!! Il va falloir que j'arrête de remonter le temps, sinon, je vais sauter à pieds joints dans les flaques.

De nouveau, je croise la dame d'un certain âge, ailleurs dans le parc. Je lui fais un large sourire. Elle est ébahie et se demande ce que je lui veux. Très drôle.

Voilà, je viens de me faire une extraordinaire cure de jouvence. Que du bonheur ! Comme quoi, il ne faut pas grand-chose pour être heureux.

Yiha !

2 commentaires:

  1. La prochaine fois, saute dans les flaques! Ca fait du bien de se laisser aller et de s'amuser! Les adultes sont trop sérieux et ennuyeux! Sylvaine

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  2. Un merveilleux billet d'humeur plein de poésie, de tendresse et de joie de vivre. J'adore!!! Merci Muriel.
    Oui, la vie est totalement différente si l'on apprend à danser avec elle (même sous la pluie!!!).

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